KINSHASA, 30 nov 2006 (AFP) - Le président élu de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a rendu visite jeudi à son adversaire malheureux à la présidentielle Jean-Pierre Bemba, à Kinshasa, a-t-on appris de sources proches des deux hommes.
Le chef de l'Etat s'est rendu à la résidence privée de M. Bemba, au bord du fleuve Congo, non loin du palais présidentiel, où il est resté environ une heure, a-t-on appris de mêmes sources.
Il s'agit de la première rencontre entre les deux hommes depuis la proclamation, lundi, de la victoire de M. Kabila au second tour de la présidentielle du 29 octobre. Mardi, M. Bemba avait annoncé qu'il acceptait les résultats et conduirait une "opposition républicaine".
Selon un officier proche du président, cette rencontre a notamment porté sur "la question de la sécurité à Kinshasa" avant la cérémonie d'investiture de M. Kabila, prévue le 6 décembre.
La capitale, acquise au vice-président Bemba, a été secouée en août et en novembre par trois flambées de violences qui ont fait une trentaine de morts.
Du 20 au 22 août, la garde présidentielle et des soldats affectés à la sécurité de M. Bemba s'était affrontés à l'arme lourde dans la ville.
Après de nouveaux affrontements en novembre, impliquant notamment les gardes de M. Bemba et la police, le camp Kabila avait exigé le départ de Kinshasa des hommes du vice-président, estimés à moins d'un millier et cantonnés pour la plupart dans les résidences de ce dernier en centre-ville.
Depuis une semaine, seuls une centaine de ces hommes ont été transférés à Maluku, dans une propriété du vice-président à 80 km à l'est de Kinshasa.
Jeudi après-midi, le chef de l'Etat aurait invité M. Bemba "à accélérer le transfert à Maluku" ou à "faire passer le message à ses troupes de se tenir tranquilles" alors que plusieurs chefs d'Etat sont invités pour la cérémonie d'investiture, selon l'officier.
"La garde républicaine (garde présidentielle) sera déployée partout dans Kinshasa, y compris devant les résidences de Bemba et nous devions le prévenir, pour que tout se passe bien", a-t-il ajouté.
Des proches de M. Bemba ont confirmé cet entretien mais se sont refusés à tout commentaire.
Immédiatement après cette visite, M. Kabila a quitté Kinshasa pour Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu (est) où des combats ont opposé de samedi à mardi des soldats dissidents fidèles au général déchu Laurent Nkunda à l'armée régulière, appuyée par des Casques bleus.
Le chef de l'Etat est arrivé en fin d'après-midi à l'aéroport de Goma, placé sous haute sécurité, et n'a fait aucune déclaration à la presse, a constaté un correspondant de l'AFP.
Selon une source proche du gouverneur, il a rencontré les responsables politiques et sécuritaires de la province. Pour cette source, le but de cette visite est de "trouver une solution au problème de M. Nkunda dont les hommes (...) sont constamment à la base de l'insécurité dans le territoire de Masisi (nord-ouest de Goma)" où vit retranché l'ex-général, sous le coup d'un mandat d'arrêt pour crimes de guerre.
Les combats autour de la ville de Sake, à 27 km au nord-ouest de Goma, ont fait au total 10 morts au sein de l'armée régulière, trois parmi les civils et environ 120 parmi les soldats insurgés, selon un bilan donné mercredi à l'AFP par le colonel Delphin Kahimbi, adjoint au commandant militaire de la province du Nord-Kivu (est).
La situation s'est stabilisée depuis mardi soir et aucun nouveau combat n'a été signalé jeudi dans la région, a indiqué à l'AFP le major Ajay Dalal, porte-parole militaire de l'ONU au Nord-Kivu.
On ignorait jeudi soir la durée du séjour à Goma de M. Kabila.