Joseph Kabasele Tshamala est décédé le 11 février 1983, à Kinshasa, à l’âge de 53 ans. African Jazz, son groupe, a accueilli des grands noms de la musique congolaise dont Rochereau Pascal Tabu Ley et Docteur Nico Kassanda. Kallé est l’un des meilleurs interprètes congolais. Doué pour l’interprétation, le petit « Jeef » fait partie des chorales paroissiales catholiques.
Né le l6 décembre 1930 dans de la ville portuaire de Matadi, Kabasele Tshamala a accompagné ses parents à Kinshasa quelques années plus tard. Elève à Saint Joseph (ex Elikya), il a abandonné ses études secondaires pour des raisons indépendantes de sa volonté. A 19 ans, il met une croix sur le travail de bureau et s’oriente définitivement vers la musique.
A l’époque, la musique latino américaine a le vent en poupe. Comme la quasi-totalité des natifs du mois de décembre, Joseph Kabasele est un « explorateur ». Il fait des recherches à sa manière et parvient graduellement à asseoir la musique congolaise sur les rails. Sa première chanson. Gravée sur disque a pour titre : « Laboga.... » En 1953, l’autodidacte crée l’orchestre African Jazz. Il va s’émanciper de la « tutelle » latino-américaine. Le maestro s’entoure des « élèves » studieux.
Dans le lot, on peut citer Nicolas Kassanda, Tino Baroza, Déchaud Mwamba... Pascal Sinamoye « Rochereau » intègre le groupe. Il connaît des débuts difficiles. Et oui, le maître est très pointilleux. Le guitariste Nico Kassanda plaide souvent le cas de Rochereau auprès de Kallé. Les tubes à succès peuvent : « Félicité », « Kelya », « Jamais Kolonga », « Africa mokili mobimba » « Pesa le tout ».
Peu avant l’indépendance, Jeef Kabasele el les sociétaires de l’African Jazz s’envolent pour la Belgique. Ils vont agrémenter les travaux de la Table Ronde. L’orchestre va faire tabac avec la célèbre chanson « Indépendance Cha Cha ». Entre temps, le créateur de l’école « fiesta » acquiert petit à petit une notoriété mondiale. Etiqueté comme un homme de « gauche » et proche de Lumumba, il l’immortalise dans plusieurs chansons. Kallé Jeff était doté d’abord d’une dimension d’artiste-chanteur, politique et économique.
Les premiers revers
Les « élèves » devenus aguerris, murmurent en privé que le patron du groupe ne joue pas franc jeu avec eux. En clair, ils estiment être payés en monnaie de singe. En 1963, Kallé voit ses musiciens le quitter. Kassanda, Tabu Ley, Dechaud.... vont créer l’orchestre African Fiesta. Tabu Ley et Kassanda vont à leur tour se brouiller deux ans plus tard.
Jeef Kabasele recrute des musiciens de Vox Africa : Bombenga, Damoiseau, Casino Mutshipule... sont heureux d’évoluer aux côtés de Grand Kallé : L’orchestre African Jazz est de nouveau au top. Comme les bonnes choses ne durent pas ? En 1967, Bombenga, Damoiseau et consorts se séparent de Kallé. Ce dernier tente vainement de faire revenir Bombenga à la raison. « Si l’ époque, Kallé m’avait acheté une parcelle, j’aurais lu rester » dira plus tard Bombenga a qui voulait l’entendre.
Un nouveau départ
Les partants vont recréer l’orchestre Vox Africa. Kallé, lui, recrute d’autres artistes musiciens. Dans le lot, on peut citer Matthieu .Nkouka et Rolly. Les nouvelles recrues s’adaptent rapidement au style de l’orchestre African Jazz. Le maestro est content de ses ouailles. Mais quatre ans plus tard, Matthieu Nkouka, Rolly..., claquent la porte et créent l’orchestre Volcan ni Beto Ba.
Excédé, déçu, Kabasele ne comprend pas pourquoi ses jeunes frères se montrent toujours ingrats envers lui. Peu enclin à glorifier le pouvoir de l’époque, il « s’exile » à l’extérieur du pays. Il connaît tout de même le triomphe. Peu après, les muses l’abandonnent. Il tombe malade et meurt à l’âge de 53 ans. Kallé est l’un des meilleurs interprètes congolais. Il est considéré comme le pionnier de la musique congolaise moderne.
«Il a aimé le vrai. Il a fait la vraie musique, il a aimé le bon. Il a fait de la bonne musique. Il a aimé le beau, il a chanté la belle musique ». disait le cardinal Malula lors des funérailles de Grand kallé. ses œuvres continuent à être rééditées et font toujours l’objet des droits d’auteurs payés par une société française. Les obsèques réservées à Kallé Jeff n’étaient qu’une simple récupération politique et politicienne de la part d’un maitre tacticien que fut le président Mobutu.