Bilan de derniers affrontements à Luozi : 22 nouveaux morts dans le camp de BDK.
Par ailleurs, les adeptes du mouvement politico-religieux ont eu des accrochages avec la Police à Seke Banza.
Alors que les « Makesa » (miliciens) de Bundu dia Kongo étaient mis en déroute dans le territoire de Luozi le week-end dernier, dans une opération concertée Police-PIR sanctionnée par 22 morts, de nombreux blessés et l'incendie des cases du quartier général de ce mouvement politico-religieux, le sang continue de couler au Bas-Congo. Une vive tension règne non seulement à Luozi, mais également dans tous les territoires de la province où se recrutent des fidèles de Ne Muanda Nsemi.
Ceux-ci ont de plus en plus le sentiment d'être persécutés d'où le risque de l'effet de contagion à Boma, Moanda, Matadi, Songololo, Kimpese, etc. Il y a surtout à craindre la récupération de la situation par des casseurs, des voyous, des déserteurs de l'armée et de la police sous le label de Bundu dia Kongo.
Aux dernières nouvelles, de nouveaux incidents ont été signalés lundi et hier mardi dans le territoire de Seke-Banza, à 82 kilomètres de Matadi. A en croire plusieurs sources indépendantes, dont la Société Civile du Bas-Congo, les policiers ont dû faire usage de leurs armes pour faire face à la résistance des adeptes de Bundu dia Kongo, d'ordinaire armés de bâtons, haches, machettes, bouteilles de pétrole ou d'essence, flèches, lance pierres.
Aucun bilan en perte matérielle ou humaine n'a été établi. Mais l'on fait état de la mise à feu d'une moto de la police et du pillage des maisons des agents de l'Etat par des adeptes de Bundu dia Kongo, à commencer par celle du commandant de la police de Seke-Banza.
Compte tenu de ce nouveau feuilleton de violence, les résidents de Seke-Banza ont passé toute la journée d'hier terrés dans leurs maisons ou cachés dans la brousse. Jusque tard dans la soirée, la confusion régnait dans cette cité.
Wamba dia Wamba pour un dialogue immédiat
Des notables « Manianga », originaires du territoire de Luozi, réunis lundi autour du professeur Ernest Wamba dia Wamba, ont rendu publique une déclaration. Dans celle-ci, ils s'indignent des actes de violence enregistrés le week-end passé à Luozi, ayant comme auteurs à la fois les policiers et les adeptes de Bundu dia Kongo. A leurs yeux, la crise actuelle entre l'Etat et le mouvement politico-religieux cher à Ne Muanda Nsemi devrait trouver son dénouement dans un dialogue à organiser sans délai.
« On doit stopper cette utilisation disproportionnée de la violence. Il faut déjà entamer des concertations de tous les côtés. On doit demander à tous les camps de se ressaisir », lit-on. Le message relève aussi la misère comme cause du ras-le-bol des autochtones: « Le fait aussi qu'il y ait moins d'emplois qui se créent parce que beaucoup de ces gens qui ne sont pas employés et qui souffrent de la misère peuvent être tentés facilement aux idées culturelles plus ou moins radicales. Il faut à tout prix qu'il y ait une bonne gouvernance. C'est-à-dire une concertation avec les gens par le dialogue, pour résoudre ce problème, et non pas des arrachements et l'utilisation de la violence ».
Kalume pour le retour de l'ordre et de la sécurité
Le ministre de l'intérieur, Denis Kalume, a conféré lundi avec les diplomates et les représentants des organismes internationaux accrédités à Kinshasa. Il leur a fait rapport des événements survenus à Luozi jeudi, vendredi et samedi derniers, en insistant sur le caractère transparent des actions de la police. Il a indiqué que le gouvernement était occupé à rétablir l'ordre par la sécurisation des personnes et de leurs biens.
En réaction à l'intervention du ministre, l'ambassadeur de Belgique, tout en approuvant l'option du rétablissement de l'autorité de l'Etat, a préconisé le dialogue entre parties en conflit pour vider les causes de la crise.
Certains Kongo s'opposent à la table ronde souhaitée par le BDK
La tenue d'une table ronde dans le bas-Congo, à l'instar de la conférence sur le développement et la paix de deux Kivu proposée par le chef spirituel de Bundu Dia Kongo (BDK) divise les originaires de la province. Dans la vague de ceux qui s'y opposent, figure l'ancien conseillé du président de l'assemblée provinciale du Bas-Congo, M. Mpika Massamba.
Selon Mpika Massamoa, l'idée d'une conférence de paix ne tient pas debout dès lors qu'il n'y a eu ni guerre ni insurrection populaire dans le Bas-Congo.
Pour cet homme politique, « il s'agit des frustrations et injustices dont le peuple Kongo est victime ». Il constate qu'à ce jour, ceux qui frustrent et jouent à l'injustice sont bien connus. Le gouvernement central doit nous dire si le Bas-Congo est sous occupation ou fait partie intégrante du pays.
En lieu et place d'une conférence de paix, Mpika Massamba propose plutôt une conférence provinciale regroupant les forces vives acteurs politiques et société civile de la province. Ce cadre, soutient-il, permettra aux Ne Kongo de se dire certaines vérités en face.
Considérant que sa proposition est une vraie démarche pour sortir le Bas-congo de la crise, Mpika Massamba insiste sur le fait qu'une conférence sur la paix sera difficile d'autant que les vrais acteurs n'existent pas. Faisant ainsi allusion à une « guerre imaginaire ».
Mpika Massamba considère que le BDK ne représente pas le peuple Kongo. Cependant, reconnaît-il, ce mouvement politico-religieux « dit tout haut ce que le peuple Kongo dit tout bas ». « Le BDK n'est pas chrétien, mais le peuple Kongo l'est », a-t-il ajouté pour étayer ses arguments.
C'est ici qu'il demande aux gouvernants de faire en sorte que les originaires du Bas-Congo participent à la gestion de la province à travers différentes entreprises étatiques se trouvant sur le sol Kongo.
Cernant de plus près la situation dans le Bas-Congo, Mpika Massamba pense qu'il ne s'agit pas du tribalisme, mais de tribalité qui n'est pas un comportement. La tribalité est un sentiment passage. Il a fait savoir qu'au Bas-Congo « nous n'avons pas besoin d'un référendum nous voulons l'autonomie et avoir les mêmes droits et considérations comme les autres peuples des province de la RDC.
(Ern.)
Rachidi Mabandu/Forum des As