Le Président de la République s'est entretenu pendant deux heures avec ses hôtes belges à savoir, Karel De Gucht pour les Affaires étrangères, Charles Michel pour la Coopération et Pieter de Crem pour la Défense.
Les trois ministres belges, Karel De Gucht pour les Affaires étrangères, Charles Michel pour la Coopération et Pieter de Crem, pour la Défense se sont entretenus pendant deux heures avec le président de la République. Même si presque rien n'a filtré de cette rencontre, la presse belge a pu glaner quelques bribes d'informations auprès de ses ministres.
Karel De Gucht
Nul n'est besoin de rappeler que chaque fois que le patron de la diplomatie belge prend la parole, les c?urs sensibles frémissent; Les autorités congolaises ont été frustrées dernièrement quand le ministre belge des Affaires étrangères a pris la parole à l'ambassade de Belgique à Kinshasa. Il a déclaré que la reconstruction du Congo « signifie s'attaquer aux privilèges fabuleux de certains ».
« Il faut s'attendre », a-t-il ajouté, « à une farouche résistance de tous ceux qui n'hésitent pas à sacrifier le bien-être de la population par leur enrichissement personnel. Le combat n'est possible qu'avec la pleine adhésion de nos interlocuteurs congolais, adhésion qui doit se manifester clairement, en paroles et en actes ».
La presse a en outre précisé que Joseph Kabila n'a pas montré beaucoup d'empressement à recevoir cette délégation «de haut niveau ». Prévue lundi à 11 heures, l'entrevue a été reportée à plusieurs reprises.
En fin d'après-midi, la présidence a annoncé que Pieter De Crem, ministre de la Défense, serait reçu seul. Ce dernier a accepté de se départir de la solidarité gouvernementale parce que c'était sa première visite au Congo. Le président Kabila a ensuite accepté de recevoir Karel de Gucht et Charles Michel pendant une demi-heure.
La question chinoise en toile de fond
La presse belge a en outre révélé que face a l'évolution des rapports belgo-congolais, Karel De Gucht n'a pas manqué d'afficher un certain dépit: «Un partenariat», a-t-il dit, «cela suppose que deux parties assument leurs responsabilités». Et de citer deux exemples à propos desquels les Congolais ne semblent pas avoir respecté leurs engagements.
Primo, les Congolais s'étaient engagés à prolonger la mission du Rapporteur spécial de l'Onu sur les droits de l'homme. A Genève, ils ont adopté une autre attitude.
Secundo, le port d'Anvers s'est beaucoup investi dans la restauration de celui de Matadi. Les Belges s'étaient engagés à gérer le port à condition que cela se fasse dans la plus grande transparence. On vient d'apprendre que la gestion du port de Matadi a été confiée aux Emirats Arabes Unis.
La mission des Belges se déroule alors que Kinshasa bruisse des rumeurs sur les faramineux contrats conclus par les Chinois. En échange de la construction des routes toutes ici sont dans un état inimaginable, des logements et de la réhabilitation des chemins de fer, pour un total de 15 milliards de dollars, ils ont obtenu des concessions de cuivre, cobalt et or dont ils devraient retirer des productions équivalent à environ 70 milliards de dollars. Les contrats n'ont pas encore été examinés par le Parlement congolais.
C'est que les Chinois ne s'embarrassent pas de considérations politiques et n'attendent pas, comme les Occidentaux, que les conditions de bonne gouvernance et de respect des droits de l'homme soient remplies. Si De Gucht et Michel estiment qu'il y a de la place dans ce grand pays « pour tous les investisseurs de bonne foi », ils s'interrogent sur les conséquences des contrats chinois: « C'est du troc », a précisé M. De Gucht, « une partie reçoit des investissements en infrastructure et l'autre des concessions en matières premières. Encore faut-il voir si tout cela est bien équilibré ».
Dans ce climat de surchauffe, la partie congolaise tient à ce que la visite se déroule comme souhaitée. La délégation belge, qui doit rester une semaine en RDC, a entrepris hier mardi une tournée dans quelques villes du pays dont Boma, dans le Bas-Congo.
(Ern.)
Le Palmarès