A l'occasion de la célébration, samedi 03 mai 2008, de la 18ème journée mondiale de la liberté de la presse, Journaliste en danger (JED), Organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de la presse en République démocratique du Congo, et Réseau d'alerte de l'Omac (Organisation des médias d'Afrique centrale), souhaite attirer l'attention de l'opinion et des Institutions démocratiques issues des élections, sur l'existence encore en République démocratique du Congo, des lieux secrets de détention qui échappent au contrôle du Parquet, et ce, en dépit d'une décision prise il y a déjà quelques années par le président de la République, et ordonnant la fermeture de tous ces lieux de détention.
Selon le constat fait par Jed, au cours de derniers mois, plusieurs journalistes et autres professionnels des médias, à Kinshasa et en provinces, ont été souvent interpellés, et gardés à vue pendant des plus ou moins longues périodes dans des prisons et autres lieux de détention ténus par des services spéciaux de la police où de services des renseignements, où ils ont fait l'objet des plusieurs sévices physiques et psychologiques.
A TITRE ILLUSTRATIF :
1. Museme Wasso, journaliste directeur adjoint de la Radio communautaire « Le Messager du peuple », émettant à Uvira ville située dans la province du Sud-Kivu (à l'Est de la RD Congo) a été arrêté, vendredi 15 février 2008, par quatre agents de l'Agence Nationale des renseignements (ANR) qui l'ont immédiatement conduit dans les locaux de ce service où il a passé plusieurs heures.
Le journaliste a été relâché le même jour, à la suite de plusieurs interventions, mais avec obligation de se présenter le lendemain avec l'autorisation de fonctionnement de sa Radio.
Le motif officiel de son interpellation ne lui a pas été communiqué, mais le journaliste a déclaré que son arrestation serait liée à une information publiée, la veille, sur les ondes des sa radio, et dénonçant les tracasseries des agents de la direction générale des migration (DGM) au poste frontière de Kamanyola ;
2. Collin Delrosse, journaliste belge indépendant, a été arrêté le jeudi 17 avril à Seke-Banza, localité située à 20 km de Boma, dans la province du Bas-Congo. Le motif officiel est qu'il n'avait pas d'accréditation pour travailler comme journaliste en RDC. Mais en réalité, il enquêtait sur le « massacre» des adeptes de Bundu dia Kongo. Une fois arrêté à Seke-Banza par la DGM, il a été acheminé à l'ANR Matadi où il a été entendu sur procès verbal, et gardé à vue pendant plusieurs heures. Son laptop a été fouillé de fond en comble. Deux brochures sur le BDK en sa possession lui ont eté arrachées ainsi qu'une carte géographique où il avait mentionné les lieux présumés des massacres des adeptes de BDK
3. Au moment où le monde entier célèbre la journée internationale de la liberté de la presse, deux journalistes se trouvent enfermés, au secret, depuis respectivement 54 et 36 jours, dans les cahots de l'ANR situés au bords du fleuve. Il s'agit de Nsimba Embete Ponte, directeur de journal «L'interprète » et de son collaborateur Davin Ntondo Nzovuangu Nsimba Embete Ponte, directeur du bihebdomadaire privé à tirage limité L'Interprète, a été arrêté le 7 mars 2008 à 7 heures 30 du matin, à l'arrêt de bus dit «Pascal», dans la commune de Masina (est de Kinshasa). Sans ses nouvelles de lui pendant plusieurs jours, sa famille et ses avocats ont fini par être informés qu'il se trouverait dans un bâtiment de l'Agence nationale des renseignements (ANR) sur le bord du fleuve Congo, non loin de la Primature. Aucune de leurs démarches visant à connaître le motif de sa détention ou lui rendre visite n'ont été fructueuses. Nsimba Embete Ponte n'a eu accès ni à un avocat ni à un médecin, en violation des articles 18 et 19 de la Constitution de la République démocratique du Congo qui réglementent le régime de la garde à 0 vue et garantissent les droits des détenus.
Pour sa part, Davin Ntondo Nzovuangu, proche collaborateur du directeur de L'interprète a été arrêté le 29 mars 2008. Selon des témoins, ce dernier a été arrêté tôt le matin, à son domicile de la commune de Masina, par des agents de police circulant à bord d'une jeep blanche de la Police Nationale, qui l'avaient conduit à une destination inconnue.
Les dernières informations parvenues à JED indiquent, cependant, que les deux personnes seraient toujours détenues dans les cachots de l'ANR situés au bord du fleuve, mais aucun membre de leurs familles n'a pu les rencontrer à ce jour. De même, les deux journalistes n'ont pas eu droit à la visite d'un avocat ou d'un médecin, en dépit des informations faisant état de la dégradation de leur état de santé.
S'il s'avérait, selon plusieurs recoupements, que l'arrestation de ces deux journalistes serait liée à la publication dans le journal « L'Interprète », d'une série d'articles sur l'état de santé du président de la République, M. Joseph Kabila, Journaliste en Danger (JED) demande sa clémence au chef de l'Etat en faveur de ces deux journalistes, afin de permettre aux instances professionnelles de régulation de pouvoir les entendre sur des manquements éventuels liés à l'éthique et à la déontologie des journalistes.
JED demande également au Président de la République de faire respecter strictement sa décision prise, il y a quelques années, ordonnant la fermeture de tous les lieux de détention qui échappent au contrôle du Parquet.
Fait à Kinshasa, le 02 mai 2008
Le Comité Directeur