Les tractations sont terminées. La mouture du gouvernement est fin prête et sera remise incessamment pour approbation au chef de l’Etat. Sa taille serait d’une quarantaine de ministres dont 3 vice-premiers ministres. Reste encore les derniers réglages sur le choix de personnes dans certaines formations politiques et l’aspect lié à la « géopolitique nationale ».
Le Premier ministre Adolphe Muzito, après un début timide, poursuivrait hier encore ses consultations. Et comme Le Potentiel le soulignait dans sa dernière livraison, le Premier ministre bénéficiera sans faute de la collaboration de toutes les sensibilités de la coalition.
Il nous revenait hier dans la soirée qu’au niveau de l’ AMP, les propositions des nominations ont été faites. Mais aussi la fourchette de répartition des postes ministériels.
A en croire les premières informations, la taille du gouvernement serait d’une quarantaine de personnes. A ce sujet, le PPRD, selon la source Radio Okapi, disposerait de 13 postes, le Palu de 3 postes, l’Udemo de 2 ministères et le MSR également de deux ministères. Au total, 20 postes. Il resterait encore une vingtaine de postes ministériels à répartir entre les autres alliés de l’AMP. Et peut-être des indépendants qui pourraient être recrutés dans d’autres milieux, la Société civile en l’occurrence.
Apparemment, l’on aurait pris compte du poids politique des formations politiques alliées. Si la répartition tel que relatée serait satisfaisante, cette partie de la mouture gouvernementale serait maintenue. Mais s’il faut prendre en compte le Premier ministre et ses adjoints, il est fort possible qu’un changement de dernière minute intervienne. Quoiqu’il en soit, les indicateurs projettent que le gouvernement Muzito serait rendu public ce week-end au regard des impératifs de grandes questions nationales.
Notons que le premier gouvernement de Gizenga a été constitué de 62 membres, poussant alors les observateurs à le qualifier d’éléphantesque. Lorsqu’ il a été remanié, sa taille a été ramenée à 45 ministres et vice-ministres.
VICE-PREMIERS MINISTRES ET GEOPOLITIQUE
Selon les recoupements, le Premier ministre serait secondé de trois vice-premiers ministres qui chapeauteraient certainement trois grandes commissions interministérielles. Il s’agirait d’un vice-premier ministre en charge de la Défense et Sécurité, des Finances et Economie, et enfin de la Politique, Agriculture et Sécurité alimentaire.
Si ces postes seraient occupés par des ténors des partis politiques, le problème se poserait encore au niveau des postes ministériels. Il nous revient qu’à ce niveau, les violons doivent encore s’accorder devant des ambitions légitimes exprimées par les uns et les autres.
En effet, en tirant probablement les leçons utiles des 600 jours du gouvernement Gizenga, quelques ministres sont appelés à céder leurs postes à d’autres pour des raisons d’efficacité du gouvernement. Cette décision, comme on pourrait bien s’y attendre, susciterait quelques frustrations.
D’autre part, dans le même ordre d’idées d’efficacité, quelques anciens titulaires devraient changer de poste, procéder à des permutations pour assumer d’autres responsabilités ministérielles. Reste à savoir si cette décision va être interprétée comme une promotion ou une disgrâce. L’on ne serait pas du tout surpris que l’on enregistre également à ce stade d’autres frustrations.
Mais la question de l’équilibre régionale retient l’attention de plusieurs personnes. Il s’agit de la « géopolitique nationale » pour que toutes les provinces se sentent représentées, de manière à refléter manifestement l’image d’un « gouvernement d’union nationale ».
Cet aspect du problème soulève toujours des réactions pour autant que quelques provinces se disent chaque fois être lésées, criant ainsi à l’injustice. Déjà à l’époque des supputations sur la nomination du Premier ministre, les noms de certaines personnalités politiques avaient été avancées en prenant toujours appui sur la géopolitique. Auparavant, lors de la constitution du Gouvernement Gizenga, l’un des reproches qui avaient été faits concerne justement cette surreprésentation d’une « province » au détriment des autres.
Il est un fait indéniable que dans cette dimension de l’affaire, les avis peuvent être divergents. Mais on ne peut fermer les yeux devant des réalités politiques internes, propres à la République démocratique du Congo où chaque région a ses leaders et exprime logiquement des ambitions légitimes de les voir retenus au sommet de l’Etat. C’est-à-dire dans les institutions nationales. Particulièrement au gouvernement. Ce ne serait que justice afin d’éviter des réactions du genre ; « le pouvoir est entre les mains des gens de l’Equateur, de l’Est, du Katanga, maintenant, c’est le tour du Grand Kasaï, etc. » Pareilles frustrations rejaillissent souvent négativement sur la cohésion sociale, l’unité nationale, dénonçant ainsi « une certaine injustice ». Partant de ce fait, la géopolitique nationale n’est pas une absurdité politique.