Le remaniement annoncé dans le gouvernement de la ville province de Kinshasa apportera-t-il le souffle nouveau pour la reconstruction de la capitale? Cette question taraude depuis peu les esprits des Kinois. Habitués à la bonne vie, mais ils vivent actuellement dans un environnement crasseux.
En effet, les quelques initiatives du gouvernement provincial ne semblent pas à ce jour convaincre les Kinois qui ont soutenu à bras le corps les différentes campagnes amorcées par les autorités urbaines pour mobiliser les fonds et rebâtir la ville. Dans ce lot, on peut placer la campagne de vente des patentes, des vignettes, de l’assurance et, très bientôt, l’impôt sur le revenu locatif.
Toutes ces campagnes ont permis aux autorités provinciales de Kinshasa de se mettre à la sellette promettant une ville nouvelle et moderne aux populations. Mais, aux décomptes, les Kinois ne cessent de dénombrer les trous sur les routes avec leurs corollaires d’embouteillages, pannes de véhicules, accident, retards d’arrivée dans les lieux de services, ...
INSALUBRITE ET DIFFICULTES DE TRANSPORT
Dans les marchés, le bilan est encore plus catastrophique avec des routes défoncées, des poubelles abandonnées aux mouches et moustiques et débordant sur les chaussées, des eaux stagnantes formant des lacs artificiels sur toutes les artères, en dépit des taxes d’étalage payées par les vendeurs, les ordures font bon ménage.
Dans le secteur des transports en commun, les longues files des milliers de Kinois qui font 5 à 10 Km chaque jour à la recherche d’un bus sont la démonstration que les efforts déployés par la ville avec la créatrion de la société Retranskin n’ont été qu’une goutte d’eau dans l’océan des misères des populations. En effet, la centaine de bus d’occasion de l’Hôtel de ville n’a pu apporter une réponse conséquente aux besoins des Kinois. Faute de pièces de rechange et de réparation rapide, la plupart de ces bus n’ont pu desservir les artères de la capitale. A la vérité, un millier de bus pour 10 millions de Kinois. Les efforts du gouvernement provincial couplés à ceux des privés restent en deçà de la demande.
Certes, le gouverneur André Kimbuta, lors de sa prestation à la presse locale, a expliqué les difficultés rencontrées par la société de transport de la ville, mais sa responsabilité devrait l’amener d’abord à lutter pour avoir de bonnes routes, ensuite à faciliter aux privés d’investir dans le secteur des transports. Car, la ville ne peut tout faire à la fois.
Malheureusement, c’est l’impression que le gouverneur donne en s’engageant sur plusieurs fronts à la fois pour ne récolter que de faibles résultats ou rien du tout. Ce qui donne de l’eau au moulin de ses détracteurs qui n’hésitent plus à s’attaquer à ces actions, prenant à témoin une population qui ne sait plus où mettre la tête.
INSECURITE
Dans le secteur de la sécurité, des efforts ont été faits avec le démarrage de la réhabilitation de l’éclairage public, l’équipement des policiers en jeeps, la récupération des bandes armées dits «Kuluna» ... Mais, toutes ces actions restent symboliques et embryonnaires. Le phénomène «Kuluna», pour ne citer que ce cas, continue à prendre en otage des quartiers entiers de Kinshasa sous l’oeil impuissant des autorités provinciales.
Le chef de l’Exécutif provincial a raison lorsqu’il évoque le problème de financement de tous ces chantiers quand on sait qu’une ville comme Durban en Afrique du Sud a un budget annuel de 10 milliards USD (deux fois le budget 2009 de la RDC et 5 fois celle de Kinshasa). Mais, le grand reproche qu’on peut faire au gouvernement provincial et son chef est de manquer de méthodologi de travail et des priorités dans une ville aux besoins immenses.
Le gouverneur est sur tous les fronts et ses actions faiblement financées sont au final inefficaces et disproportionnées par rapport aux attentes des populations.
Même le chef de l’Etat ne cache pas sa préoccupation face à l’état des routes de la capitale. Et ce, alors que les 15 millions USD destinés à la réhabilitation de la voirie urbaine devait remettre en état les routes de Kinshasa. Mais, rien de visible n’a été fait. D’où, l’interpellation de l’Assemblée nationale à propos de la destination des 15 millions USD.
REGRET
Mais face aux chevaliers de la plume, le n°1 de la ville n’a pas hésité à prendre la défensive manifestant sa bonne foi d’assurer un lendemain meilleur aux Kinois. Attitude qui n’a pas manqué de choquer certains Kinois et des membres de l’entourage présidentiel. Mais, que peut faire la bonne volonté quand les gouvernants ne parviennent pas à mobiliser les Kinois et leurs finances pour rebâtir leur capitale. Mieux, quand ils sont incapables d’utiliser au mieux le peu de ressources qui tombent dans leur escarcelle?
Le remaniement au sein du gouvernement provincial ne concerne donc pas seulement les membres de l’ABAKO, mais aussi ceux du PPRD qui ne semblent pas bien gérer cette occasion en or pour basculer une bonne partie de l’opinion en faveur de leur projet de société. L’enjeu, à ce niveau, ne se limite seulement à l’aspect technique (salubrité, routes, ...), mais surtout politique, car les futures élections sont prévues pour 2011. Or, Kinshasa est le miroir de la RDC.
A l’heure de grands choix, la responsabilité revient désormais aux familles politiques qui répondront de leurs actes devant les électeurs. La réalité, on le sait, est toujours froide. C’est avec lucidité et responsabilité qu’il faut traiter de l’avenir des Kinois et Kinoises.