Le président de la République, Joseph Kabila Kabange, vient de désigner en date du 8 mars 2012 l’honorable Mwando Nsimba en qualité d’informateur. Le président de la République a évoqué l’article 78 de la Constitution pour justifier sa décision. La mission confiée à l’informateur est de dégager la Majorité parlementaire d’où sortira le futur Premier ministre.
Ceci dit, un pas important vient d’être franchi vers la nomination du Premier ministre qui aura la charge de constituer le nouveau gouvernement. Un événement politique qui ira certainement de pair avec l’élection du futur président de l’Assemblée nationale ainsi que la mise en place du bureau définitif de cette institution.
Charles Mwando Nsimba, député élu de Kalemie, dans le Katanga, exerçait jusque-là les fonctions de ministre de la Défense et des Anciens combattants. Agé de 76 ans, il était le vice-doyen des députés. Toutefois, c’est un chevronné de la politique depuis l’époque de Mobutu, période durant laquelle il a exercé plusieurs fonctions tant ministérielles que dans la territoriale.
Président national de l’UNADEC, parti membre de la Mouvance présidentielle, c’est à une personnalité politique éprouvée, sage, que le président de la République fait appel en vue de déblayer le terrain en prévision de la constitution du gouvernement.
Une mission cruciale
Avant toute chose, que dit l’article 78 de la Constitution : «Le président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation de celle-ci. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Si une telle majorité n’existe pas, le président de la République confie une mission d’information à une personnalité en vue d’identifier une coalition. La mission d’information est de trente jours renouvelable une seule fois. Le président de la République nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions sur proposition du Premier ministre».
Si l’on peut se permettre d’interpréter la décision du président de la République portant nomination d’un informateur, c’est qu’en âme et conscience, le chef de l’Etat - candidat indépendant à la présidentielle 2011 comme en 2006 -, s’est rendu à l’évidence qu’aucun parti politique, fut-il de la majorité ou de l’Opposition, ne dispose «d’une majorité parlementaire». Cette hypothèse, Le Potentiel avait eu le réflexe de l’évoquer aux temps forts de la fièvre électorale en parlant «d’une coalition ou d’une cohabitation». Le but était de relever les différents cas de figure susceptibles de mieux orienter les calculs politiques. Les faits sont en train de se confirmer. Et le pésident de la République ne veut pas «d’une majorité fabriquée, virtuelle, débridée», mais solide, responsable à même de l’accompagner dans sa lourde tâche.
Ceci dit, cette coalition devrait se faire au sein de la Mouvance présidentielle où l’on rencontre des partis comme le PPRD, PPPD, MSR, PALU, AFDC, et ARC pour ne citer que ceux-là. D’où l’importance de la mission de l’informateur de dégager avant tout cette majorité parlementaire qui permettrait au président de la République de nommer un Premier ministre. Et si cette majorité parlementaire posait problème, une cohabitation ne serait plus à écarter, avec l’Opposition. On tendrait en ces moments vers la constitution d’un «gouvernement d’union nationale». D’où la nécessité pour l’informateur de ratisser large en ne négligeant aucune piste.
Autre élément autour du choix de cette personnalité pour être informateur d’un autre parti que celui qui pourrait prétendre être le parti-phare, c’est que le président de la République envoie des signaux forts pour la constitution d’un «gouvernement d’ouverture». Question de travailler avec «des personnalités compétentes et qui ont la passion du pays», comme il le soulignait si bien dans son discours d’investiture le 20 décembre 2011. Un message fort qui fait place à plusieurs opportunités dans le but de faciliter la tâche à l’informateur. Mission cruciale et sublime tant le temps ne joue plus en faveur de la République démocratique du Congo.