Femmes, travailleurs des quartiers populaires et beaucoup d'enfants ont rendu hommage au long cortège de véhicules qui a ramené le corps du cardinal Frédéric Etsou, 76 ans, de l'aéroport de Kinshasa - arrivé à 8h30 (heure locale) - jusqu'à la cathédrale Notre-Dame du Congo, le long du boulevard Lumumba. Telle est la première image fournie à la MISNA par Aimé Dionzo, journaliste de la radio diocésaine Elikya, soulignant "la grande émotion, les pleurs même" des fidèles, mais aussi des autorités, venus accueillir la dépouille du deuxième cardinal de la République démocratique du Congo - il a succédé en 1991 au cardinal Malula - qui s'est éteint samedi dernier à l'hôpital universitaire de Louvain, en Belgique, des suites d'une longue maladie. "Les principales autorités religieuses et politiques du pays étaient présentes à l'aéroport, notamment le président de la Conférence épiscopale, Mgr Monsengwo, l'évêque auxiliaire de Kinshasa Mgr.
Dominique Bulamatari, le ministre de l'Intérieur avec une importante délégation gouvernementale. La garde républicaine a rendu les honneurs militaires au corps du cardinal qui était aussi le vicaire des armées et de la police nationale" poursuit l'interlocuteur, qui a assisté à la cérémonie. Les autres confessions religieuses étaient également représentées : l'Église du Réveil, celle protestante et le Comité islamique. Mais c'est surtout l'hommage populaire rendu au cardinal Etsou qui a caractérisé son dernier voyage sur sa terre d'origine : "A son passage, les boutiques ont fermé, les travailleurs ont interrompu leurs activités pour un dernier salut et les enfants sont venus en quelque sorte le remercier, lui qui était considéré le défenseur de l'enfance, surtout celle plus démunie, et des problèmes de la jeunesse et de l'éducation" ajoute le journaliste congolais, en précisant que tout a eu lieu dans le calme et le recueillement.
Après l'apposition des signes épiscopaux sur le cercueil, dans une cathédrale bondée, même à l'extérieur, le corps du cardinal sera exposé jusqu'à dimanche matin, lorsque une messe sera célébrée au stade des Martyrs, le plus grand de la capitale, semble-t-il par l'archevêque de Douala, le cardinal Christian Tumi, tandis que le supérieur général de la congrégation du C?ur Immaculé de Marie (Cicm) - dont Etsou était membre - le congolais Edouard Nsimba-Ngoma, arrivera vendredi dans le pays.
Mgr Etsou sera inhumé lundi, à 11h, et reposera aux côtés de son prédécesseur à l'archevêché de Kinshasa, le cardinal Joseph-Albert Malula, décédé en 1989. Le président Joseph Kabila a d'ailleurs décrété lundi journée de deuil national. Depuis l'annonce de sa mort, les fidèles ne cessent d'affluer dans les paroisses et à la cathédrale pour des messes et des veillées.
La Radio Elikya, fondée en 1995 par le cardinal Etsou, a diffusé en continu des transmissions sur les personnalités ayant travaillé avec lui et pour expliquer aux fidèles les aspects relatifs à la gestion du diocèse. "Pour éviter toute polémique et rumeur, les autorités religieuses ont précisé que la question de la succession du cardinal n'est pas à l'ordre du jour, et que dans tous les cas elle sera réglée en suivant une procédure bien précise prévue par le droit canonique" a conclu Aimé Dionzo.