Messieurs le Présidents de l'Assemblée Nationale,
Monsieur le Président du Sénat,
Honorables Députés et Sénateurs,
Chers compatriotes
Au terme de l'article 77 de la Constitution, le
Président de la République est tenu de prononcer une
fois l'an, devant l'Assemblée Nationale et le Sénat
réunis en congrès, un discours sur l'état de la Nation.
C'est donc pour m'acquitter de cette obligation
constitutionnelle que je suis aujourd'hui dans cet
hémicycle. En m'accueillant ainsi chaleureusement que
vous venez de le faire, vous avez réussit à rendre
agréable ce qui, au départ n'était qu'un devoir.
Soyez-en sincèrement remerciés.
Constitutionnel, le rendez-vous de ce jour est aussi une
première dans notre histoire. Il s'agit d'un moment
privilégié, voulu par le constituant, pour témoigner de
l'émergence d'une nouvelle culture politique dans notre
pays. Une culture sublimée par une vision partagée du
Congo que nous voulons pour nos enfants et
petits-enfants, entretenu grâce au dialogue permanent
entre gouvernants et gouvernés et fondé sur le principe
de la transparence dans la gestion dans la gestion et de
l'évaluation régulière et sans complaisance du chemin
parcouru dans la réalisation du projet intemporel de
bâtir un Congo toujours plus beau.
Avant de rendre compte de ce qui a été accompli et de ce
que nous nous proposons d'accomplir, permettez - moi
donc de m'adresser à notre peuple, à travers ses élus
que vous êtes, pour lui dire, une fois encore merci.
Merci de m'avoir honoré de sa confiance et de m'avoir
permis de le servir.
Honorables Députés et Sénateurs,
Une année vient de s'écouler depuis ce jour du 6
décembre 2006 où, au lendemain des premières élections
pluralistes et démocratiques que notre pays n'ait jamais
connues en quarante années d'indépendance, je prêtais
serment comme premier Président de la République élu au
suffrage universel direct.
J'avais pris alors devant Dieu et devant la Nation,
l'engagement d'?uvrer sans compter pour la consolidation
de la démocratie et de l'état de droits, la restauration
des valeurs et de solidarité, l'émergence d'une Nation
riche et fière de sa diversité, et la matérialisation au
c?ur de l'Afrique, du destin auquel nous sommes promis :
celui d'un pays uni, fort et prospère.
A cette fin j'avais proposé une vision et un programme à
savoir : 5 Chantiers pour changer le Congo !
Une vision et un programme dont les maîtres mots sont
modernisation, renouvellement, renaissance, plutôt que «
point à temps » réhabilitation ou raccommodage. Car,
c'est d'une transformation complète d'une révolution à
tous égards, y compris mental et moral, que nous avions
et avons besoin.
Une année, c'est à la fois peu et beaucoup. Peu vu
l'immensité de la tâche et l'urgence des défis. Beaucoup
cependant, Honorables Députés et Sénateurs par rapport
au mandant de cinq ans, dont vous et moi sommes
investis.
Nous ne sommes pas encore à l'heure de la reddition des
comptes, l'horizon convenu avec le peuple pour ce faire
étant celui de l'année 2011. Il est cependant indiqué
que douze mois après ma prestation de serment, nous
établissions un bilan d'étape.
L'Objectif premier à ce stade n'est pas d'évaluer le
degré de satisfaction des besoins de populations, mais
plutôt de vérifier si nous avançons dans la bonne
direction.
Vu sous cet angle, le chemin parcouru peut être résumé
de la manière suivante: certes, beaucoup reste à faire ;
mais des progrès remarquables ont été accomplis, des
résultats palpables enregistrés dans tous les domaines
et à plusieurs endroits du territoire nationale.
A titre illustratif mentionnons quelques réalisations
sur le plan institutionnel dans le domaine des
infrastructures, dans celui dans celui des secteurs
productifs et du pont de vue social.
Sur le plan institutionnel, au courant de l'année qui
s'achève, le pays s'est doté de toutes les institutions
dignes d'un Etat moderne.
Le paysage politique congolais s'est ainsi enrichi d'un
nouveau gouvernement national multipartiste, d'une
nouvelle Assemblée Nationale et d'un Sénat où cohabitent
majorité et opposition et d'un pouvoir judiciaire en
cours de restructuration pour une meilleure distribution
de la justice.
Ces institutions sont toutes opérationnelles et
fonctionnent de manière satisfaisante. Il est
essentielle cependant, pour plus d'harmonie et
d'efficacité collective que chacune d'astreigne à rester
dans les limites de ses compétences constitutionnelles.
Il faut à ce sujet rappeler trois dispositions
importantes :
Premièrement : c'est au gouvernement et au gouvernement
seul qu'il revient de définir la politique de la Nation
et de veiller à sa mise en ?uvre avec l'obligation d'en
rendre compte à la représentation nationale.
Deuxièmement : l'Assemblée Nationale et le Sénat n'ont
pas mission de gérer l'Etat mais plutôt de légiférer et
de contrôler le Gouvernement, les Entreprises publiques
ainsi que les Etablissement et Services publiques
Troisièmement : Seul le pouvoir judiciaire et lui seul
est habilité à engager des poursuites et à dire le
droit. Et ses décisions coulées en force des choses
jugées s'imposent à tous.
Sur un autre plan, onze Gouvernements provinciaux et
autant d'Assemblées provinciales ont été installés,
l'exercice de la démocratie est devenue une réalité et
les libertés individuelles et collectives sont garanties
et de plus en plus respectées.
Rien de tout cela n'aurait été possible si des progrès
notables n'avaient été enregistrés sur le terrain de la
pacification du pays et de la sécurisation des
populations.
A cet égard, notre tâche est loin d'être achevée, et
nous n'aurons de répit tant que la moindre parcelle de
terre de ce pays-continent sera l'otage de hors-la-loi.
Vu où nous en étions il y a à peine un an, Je me réjouis
cependant de pouvoir rapporter ce jour que la
pacification du pays est aujourd'hui acquise sur la
quasi-totalité du territoire national. Hier, le Nord
Katanga, puis l'Ituri, étaient en proie à une violence
inhumaine. Aujourd'hui, ils ont renoué avec la paix et
la sécurité si nécessaires aux activités agricoles et
pastorales.
Ainsi, sur les cent quarante-cinq territoires que compte
la République Démocratique du Congo, seuls les
territoires de Rutshuru et de Masisi au Nord Kivu
comptent encore en leur sein quelques foyers de tension.
Dans ces deux territoires, un général déchu continue de
semer la mort et la désolation parmi la population
innocente, obligée de quitter champs et villages et de
se réfugier dans des camps de déplacés, exposant femmes
et enfants à l'insécurité et à la précarité. Cette
situation est davantage compliquée par la présence dans
les mêmes territoires des éléments résiduels de groupes
armés incontrôlés, nationaux et étrangers. Les uns comme
les autres se comportent en bourreaux de nos
populations.
Nos frères et s?urs du Nord et du Sud Kivu ont trop
souffert, victimes de viols, vols, assassinats et
exactions diverses. Nous devons impérativement et
urgemment mettre fin à ces souffrances.
Ce sera bientôt chose faite, quoi qu'il en coûte.
En attendant, Nous leur devons protection, assistance et
solidarité.
Honorables Députés et Sénateurs,
Le Gouvernement est déterminé à tout mettre en ?uvre
pour rétablir rapidement et durablement la paix et la
sécurité dans les deux territoires encore troublés du
Nord Kivu.
Je compte pour cela sur la bravoure des Forces Armées de
la République Démocratique du Congo. Dans des conditions
extrêmement difficiles, elles accomplissent
honorablement leur mission. Je voudrais saisir cette
occasion pour, une fois de plus, saluer le courage de
Nos hommes et femmes en armes, ces héros souvent
anonymes, et leur renouveler la gratitude de la Nation
pour tant de privations acceptées et de sacrifices
consentis depuis plus d'une décennie. Et pour leur sang
qu'ils donnent en ce moment même, pour faire triompher
la cause du Congo au Nord Kivu.
Je voudrais aussi, par la même occasion, exhorter le
peuple congolais à soutenir sans réserve sa jeune armée,
à peine formée, mais quotidiennement testée.
En ma qualité de Commandant Suprême, Je lui demande, au
nom de cette dernière, de bien vouloir excuser les
travers fort regrettables de certains de ses éléments
incontrôlés.
La Justice militaire a été instruite de les identifier
et de les punir sévèrement.
Cela dit, tout en maintenant la pression militaire, Nous
n'avons pas négligé l'aspect politique et diplomatique.
L'histoire a en effet abondamment démontré que même en
cas de victoire militaire, la consolidation de la paix
se fait toujours autour d'une table.
C'est tout le sens des Conférences pour la Paix, la
sécurité et le Développement que Nous Nous apprêtons à
organiser pour chacune des deux provinces du Kivu. Elles
sont appelées à réunir les leaders et forces vives de
ces provinces, toutes catégories et tendances politiques
confondues.
C'est aussi le sens des initiatives diplomatiques que
j'ai récemment prises, pour prévenir des conflits
possibles, ou régler ceux déjà ouverts. Elles ont
notamment jeté les bases d'une solution pacifique du
litige frontalier avec l'Ouganda autour de l'Île de
Rukwanzi, et de la controverse sur le tracé de la
frontière entre l'Angola et la République Démocratique
du Congo, aux abords du territoire de Kahemba.
Ces initiatives procèdent de la conviction forte que
voici. Puisque c'est sur le territoire congolais que se
déroulent ces conflits et que ce sont les populations
congolaises qui en souffrent le plus, la République
Démocratique du Congo doit assumer le leadership dans la
quête d'une solution véritable et durable.
Aujourd'hui, nous exerçons effectivement ce leadership.
Nous en voulons pour preuve le fait que le plan mis au
point par La République Démocratique du Congo a été
adopté par nos partenaires internationaux et sert
dorénavant d'unique feuille de route pour la résolution
de la crise créée par la présence des groupes armés
incontrôlés à l'est de Notre pays.
Je suis donc pour la paix et Je suis profondément
convaincu que c'est un devoir sacré, pour le Chef de l'Etat
que Je suis, de la construire activement et de la
préserver ardemment. Je ne suis cependant pas partisan
d'un pacifisme qui, au nom de la paix, jette les bases
de la faiblesse du Congo, de l'insécurité des congolais
et de l'instabilité dans la sous-région. C'est pourquoi,
J'?uvre avec détermination, envers et contre tout, à la
réforme de Notre système de sécurité.
Mon objectif à ce niveau est de doter notre pays de
quatre instruments indispensables à sa souveraineté, à
savoir:
? une armée républicaine, professionnelle et dont la
qualité du personnel et de l'équipement seront
comparables à celle des meilleurs armées du monde;
? une police nationale qui rassure et protège les
populations et leurs biens, dans le strict respect de la
loi et des droits des citoyens ;
? des services de renseignements formés et uniquement
dédiés à la détection et à la prévention des risques de
sécurité pour l'Etat et les populations;
? des institutions judiciaires efficaces et impartiales,
gages de la paix sociale.
C'est ici le lieu de rassurer autant les populations
congolaises que les pays qui nous entourent. L'armée
forte dont le Congo entend se doter et que nous avons
l'obligation de lui donner ne répond à aucune logique ou
visée expansionniste. Elle a une seule et unique
vocation: la sécurité de nos frontières et celle du
peuple congolais.
Honorables Députés et Sénateurs,
Notre action au cours de l'année 2007 a aussi porté sur
l'amélioration de l'état des infrastructures de base
dans notre pays. Le Gouvernement a ainsi affecté
d'importantes' ressources à l'amélioration de la
desserte en eau à Kinshasa comme dans plusieurs villes
et grands centres de l'intérieur du pays.
En ce qui concerne l'électricité, une réflexion profonde
a été entamée pour élaborer la meilleure stratégie
d'action en vue de résorber le déficit en fourniture
d'énergie électrique, de juguler les coupures
intempestives et d'enrayer à terme les différents
désagréments déplorés.
En attendant, quelques groupes sont en train d'être
réhabilités, afin d'accroître la capacité de production
électrique des centrales hydroélectriques de Zongo et
Inga Il dans le BasCongo et de Nzilo au Katanga, tandis
que des solutions intérimaires, mais efficaces, ont été
trouvées pour l'électrification de Kindu et Kananga.
S'agissant des Hydrocarbures, des nombreuses actions ont
été entreprises en vue d'assurer une meilleure maîtrise
de ce secteur. Dans cette optique, deux commissions ont
été mises en place pour élaborer le code pétrolier et
vérifier le niveau réel de production du brut Congolais.
Bien plus, le pays vient de conclure un important accord
d'exploitation conjointe d'hydrocarbures avec l'Angola
et des pourparlers sont en cours, en vue de lancer
l'exploitation pétrolière dans la cuvette centrale, dans
le Graben Albertine et dans le Graben Tanganyika, ainsi
que celle du gaz méthane du Lac Kivu.
Dans le domaine de l'environnement, la sécurisation de
la biodiversité et des sites du patrimoine mondial a
fait l'objet d'une évaluation technique; de même que les
effets sur nos écosystèmes du réchauffement climatique
et des guerres des dix dernières années. Les conclusions
sont désolantes et appellent une réaction urgente de
Notre part, autant que de Nos partenaires.
Vu la contribution de la République Démocratique du
Congo à la préservation des conditions minimales de vie
sur Notre planète, elle mérite une juste compensation
pour ses efforts de conservation de la nature et devrait
être financièrement assistée dans la réhabilitation de
ses parcs nationaux et de ses réserves naturelles.
Concernant les infrastructures, en attentant les grands
chantiers, d'importants travaux de sauvegarde et de
réhabilitation ont été entrepris sur la voirie primaire
de certaines villes, sur plusieurs tronçons routiers
d'importance nationale et régionale, ainsi que sur
nombre d'écoles et hôpitaux répartis à travers toutes
les provinces. Par ailleurs, des chantiers sont en train
d'être ouverts en vue de la construction d'une nouvelle
université à Bukavu et d'une autre à Kindu.
Mérite d'être signalée élans le domaine de la santé, et
ce, de manière particulière, l'inauguration de l'Hôpital
Marie Biamba Mutombo à Masina et de l'Hôpital de
l'Amitié Sino-congolaise à N'Djili, deux formations
médicales de référence comme on n'en a plus construit
dans notre pays depuis des décennies, et qui sont
opportunément situées dans deux des quartiers de la
capitale à forte concentration démographique.
Nous tenons ici à rendre un hommage vibrant aux
partenaires du Gouvernement dans ces deux réalisations.
Il s'agit de Notre compatriote Mutombo Dikembe, dont
nous recommandons l'exemple à d'autres membres de la
diaspora congolaise, pour son patriotisme et sa
générosité. Il s'agit aussi de la République Populaire
de Chine pour, une fois encore, un type de coopération
exemplaire.
S'agissant des secteurs productifs, la relance des
projets agricoles sur l'ensemble du territoire national
a été une préoccupation majeure du Gouvernement, en vue
de garantir l'autosuffisance alimentaire à Notre peuple,
notamment par la mécanisation. Dans ce cadre, il
convient aussi de relever la conclusion d'une convention
sur l'exploitation conjointe des ressources halieutiques
dans le Lac Tanganyika avec les autres pays riverains.
L'autre secteur productif dont légitimement Nous
attendons beaucoup pour le développement de Notre pays
est celui des mines. L'accent pendant l'année qui
s'achève a été mis sur l'évaluation de l'application
jusque-là du code et du règlement miniers, ainsi que des
divers contrats miniers signés, soit par l'Etat, soit
par les entreprises publiques.
Le rapport de la Commission chargée de ce dernier volet
vient d'être remis au Gouvernement. Après en avoir
délibéré, celui-ci prendra des mesures rectificatives,
s'il échet, et le Parlement en sera tenu informé.
Sur le plan social, l'engagement de l'Etat a été fort
dans les domaines de la santé et de l'éducation. En
témoignent, la promulgation du statut spécifique des
médecins, les campagnes de lutte contre les maladies
endémiques et celles sexuellement transmissibles,
notamment le VIH Sida, la revalorisation progressive de
la fonction enseignante et la restauration des bourses
d'études aux étudiants finalistes de l'enseignement
supérieur et universitaire du secteur public.
Bien d'autres actions ont été entreprises, notamment en
matière de lutte anti-mines et de réinsertion des
enfants soldats et de ceux communément appelés « enfants
de la rue». Si dans les deux premiers cas, les résultats
sont encourageants, dans le dernier, ils laissent à
désirer. Ils Nous invitent à une réflexion profonde,
suivie d'une action vigoureuse et déterminée.
La jeunesse est l'avenir de Notre pays. Nous ne pouvons,
sans faire le lit de la violence et de la grande
criminalité, accepter qu'une partie importante de cette
jeunesse vive en marge de la société, sans encadrement
familial, sans éducation, sans logement, sans emploi,
sans revenu et donc, sans espoir.
Trouver une solution adéquate à ce problème devrait être
une des priorités absolues des pouvoirs publics.
J'entends y veiller personnellement. Et Je compte sur le
concours actif du Parlement, des Cours et Tribunaux et
de la Société Civile, particulièrement des Confessions
religieuses. Je compte surtout et avant tout sur le
concours des parents et des familles.
Le secteur des Sports et celui de la Culture et des Arts
n'ont pas non plus échappé à la sollicitude de l'Etat.
Ce dernier a soutenu la préparation de nos équipes
nationales et de nos représentants dans les compétions
internationales, particulièrement Notre équipe nationale
de football. Il est aussi intervenu en faveur des
artistes.
En dépit de ces interventions, des grandes déceptions
ont été enregistrées dans le secteur des Sports, du fait
de la contre performance de nos athlètes. D'où la
nécessité de requalifier Notre politique en la matière.
Le peuple congolais aime le Sport et la Culture, et sa
jeunesse est talentueuse. Dans ces deux domaines, comme
dans d'autres, Nous devons avoir l'ambition d'être les
meilleurs.
Quand au domaine de l'emploi, il a été honoré par la
tenue du 1er forum sur l'emploi qui a permis aux
différents partenaires sociaux de réfléchir sur le
meilleur moyen d'endiguer le chômage.
Des statistiques fiables ne sont pas encore disponibles.
Il est cependant raisonnable de parier que la reprise
économique en cours a une incidence positive en termes
de préservation et de création d'emplois, et que les
différents chantiers ouverts et à ouvrir viendront
davantage améliorer les perspectives.
Avec l'emploi, se pose la question des revenus des
travailleurs. Des améliorations importantes sont certes
encore nécessaires. Pour les fonctionnaires, mais aussi
pour les médecins, les professeurs d'université, les
enseignants, les militaires, les agents de la police, et
bien d'autres catégories d'agents, tant du secteur
public que privé.
Une embellie a cependant déjà été enregistrée, en termes
de pouvoir d'achat, avec la stabilisation du cadre
macro-économique, mais aussi en termes réels, pour les
fonctionnaires et agents de l'Etat, l'enveloppe globale
des salaires ayant doublé en moins d'un an, passant de
18 à 36 milliards de francs congolais.
Ce n'est pas encore Mbudi, mais on s'en rapproche.
C'est pourquoi il est important que se termine au plus
vite les opérations de recensement en cours dans la
fonction publique, afin que les économies attendues
soient affectées à l'amélioration des salaires.
Honorables Députés et Sénateurs,
Le démarrage de la Troisième République a été laborieux.
Il fallait assurer l'installation des Institutions
issues du nouvel ordre politique. Il fallait aussi et
surtout enrayer les différents foyers de tension,
consolider la démocratie, améliorer les relations avec
nos voisins dans la Sous-Région, regagner la confiance
de Nos partenaires et trouver les ressources financières
nécessaires pour l'exécution du programme de
reconstruction nationale.
Ces préalables à l'amélioration durable des conditions
sociales des populations sont loin d'être entièrement
remplis. En fait, les fondations ont juste été posées,
sur un terrain à peine défriché.
Des Fondations en béton armé, fort heureusement! L'année
écoulée n'a' donc pas été perdue; les sacrifices
consentis ne l'ont pas été en vain. Ils permettent que
nous puissions, aujourd'hui plus qu'hier, envisager
l'avenir avec assurance et, en nous-mêmes, avoir à
nouveau pleinement confiance. Comme peuple, comme nation
et comme pays.
Ce résultat est le fruit du travail de Nous tous, chacun
au niveau de responsabilité qui est le sien et avec les
ressources dont il dispose. Soyons-en donc tous fiers.
C'est ici le lieu pour Moi de saluer de manière
particulière et solennelle la contribution remarquable
des élus du peuple que vous êtes.
Par votre production législative et vos missions de
contrôle, vous avez démontré, qu'en République
Démocratique du Congo, la démocratie devient réellement
une culture. Mieux, vous avez fourni, aux nouvelles
institutions nationales et provinciales, les instruments
juridiques nécessaires à une gouvernance du pays
compatible avec les aspirations du peuple.
Des nombreuses réformes sont cependant encore
nécessaires concernant notre arsenal juridique et le
fonctionnement de notre Justice.
Sans réformes urgentes et courageuses dans ce secteur,
tous nos autres efforts sont vains et sans lendemain. La
sécurité juridique et judiciaire est la pierre angulaire
de l'Etat de droit et d'une économie porteuse de
perspectives réelles de croissance. Elle fait
cruellement défaut aujourd'hui. L'instaurer est donc une
priorité absolue.
Pour ce faire, la contribution des trois pouvoirs de l'Etat
est plus qu'attendue.
Aux deux Chambres du Parlement, il incombe d'adopter au
plus tôt les lois aujourd'hui sous examen à leurs
niveaux.
S'agissant du Gouvernement, il lui revient, en amont,
d'accélérer les travaux de la Commission Nationale de
Réforme du Droit et, en aval, de veiller à une
application stricte, rigoureuse, sans complaisance ni
tracasserie, des lois et règlements de la République.
A travers toutes ces réformes, l'objectif ultime est
d'assurer aux magistrats des conditions de vie et de
travail qui garantissent leur liberté de conscience et
l'exercice de leur mission en toute indépendance. Cela
suppose que leur statut soit amélioré et que leurs
droits soient réaffirmés, étendus et respectés. Cela
suppose aussi qu'ils assument, avec responsabilité,
leurs devoirs, dont celui sublime de dire le droit sous
l'unique empire de la loi. C'est à cette condition, et à
cette condition seulement, que la justice contribue à la
paix sociale.
La République Démocratique du Congo n'est pas une
République des Juges. Que ces derniers ne soient pas
soumis au verdict des urnes, à l'instar des animateurs
des pouvoirs exécutifs et législatifs ne les dispense
pas de devoir rendre compte au peuple. L'indépendance de
la justice, voulue par le constituant et que Nous
appelons de tous Nos v?ux, n'est donc nullement une
licence à l'arbitraire.
En tant que garant du fonctionnement régulier des
pouvoirs publics et des institutions, Je suis
quotidiennement saisi de recours contre des décisions de
justice, et Je mesure la détresse des milliers de
justiciables.
Le dire, c'est faire justice à la vérité. Ce n'est pas
prononcer une condamnation collective de la
magistrature.
Comme dans tous les corps, on trouve dans la
magistrature congolaise, de la bonne et de la mauvaise
ivraie. Il n'est donc pas acceptable que cette dernière
ternisse l'image de toute une corporation, voire de
l'ensemble du pays. De la manière la plus solennelle,
J'en appelle donc à la conscience des animateurs du
Pouvoir judiciaire. Je leur rappelle qu'ils ont
constitutionnellement reçu mandat de veiller au respect
de la loi et de sanctionner tout énervement de celle-ci,
y compris par leurs pairs.
Et, puisque Je suis convaincu que telle est la volonté
de notre population, J'affirme qu'il est temps que les
tribunaux de commerce cessent d'être un projet et
deviennent une réalité.
Il est temps que cesse l'ironie du sort qui veut
qu'aujourd'hui dans ce pays le criminel, parce que riche
ou politiquement bien connecté, attende plus sereinement
un verdict que la victime, car démunie, peu connue ou
sans possibilité de trafic d'influence.
Il est temps que les citoyens soient rassurés que devant
le juge, seuls comptent les faits et le droit, et
nullement, l'ethnie, la race, la nationalité, la couleur
politique ou la condition sociale.
En un mot, il faut que les décisions de justice
redeviennent justes !
Honorables Députés et Sénateurs,
Tout aussi importantes et urgentes sont les lois sur la
décentralisation et les entreprises publiques. De la
première dépend le succès ou l'échec de l'une des
innovations les plus prometteuses, mais aussi
potentiellement les plus dangereuses, introduites aux
termes de la nouvelle constitution.
En son article deux, cette dernière instaure la
décentralisation et détermine le nombre et la
dénomination des provinces. Plus loin, elle en précise
les institutions et en délimite les compétences.
Il manque encore cependant la loi organique qui est
censée encadrer cette décentralisation et la Conférence
des Gouverneurs de province ne peut donc se réunir.
La République Démocratique du Congo est un « Etat uni et
Indivisible» et la décentralisation, d'essence
constitutionnelle soit-elle, n'est pas synonyme de
fédéralisme, encore moins de confédéralisme. La ligne de
démarcation mérite d'être rapidement tracée.
La loi sur la décentralisation est impatiemment attendue
à cette fin.
Quant aux lois relatives aux entreprises publiques,
elles n'ont pas pour objectif premier de privatiser,
encore moins de brader les actifs de l'Etat. Elles
visent plutôt et avant tout à assainir l'environnement
des affaires, à restructurer le portefeuille de l'Etat
pour une meilleure rentabilité, à améliorer la
compétitivité des entreprises et, finalement, à
permettre la croissance de Notre économie à la faveur de
la forte croissance mondiale.
Plus tôt ces lois seront adoptées et promulguées, plus
tôt seront bonifiés les bénéfices économiques et sociaux
qui en sont attendus.
Je ne peux en finir avec les réformes juridiques sans
Nous mettre tous en garde contre la tentation de vouloir
régler tout disfonctionnement éventuel des institutions
par une révision constitutionnelle.
En principe, la loi fondamentale d'un pays ne devrait
être modifiée qu'en cas d'extrême nécessité, et
uniquement dans l'intérêt supérieur de la Nation.
Honorables Députés et Sénateurs,
Dans mon discours d'investiture, Je m'étais engagé à
promouvoir une diplomatie de développement. C'est dans
ce cadre que se sont inscrites Ma participation aux
sommets de la SADC et de la CEEAC, ainsi que Mes
récentes visites en Afrique du Sud, en Angola, en
Belgique et aux Etats-Unis d'Amérique. C'est aussi dans
ce cadre que s'inscrivent les missions de plusieurs
membres du Gouvernement au Brésil, en Inde, en Chine et
dans beaucoup de pays membres de l'Union Européenne.
Cela a permis de mettre fin à l'isolement diplomatique
de notre pays, de renforcer sa position dans le monde et
de lui ouvrir de possibilités insoupçonnées de
coopération et de financement.
A ce sujet, permettez qu'en quelques mots, Je puisse
rendre compte des accords conclus et à conclure avec la
République Populaire de Chine, et rassurer Notre peuple
quant au sens et au contenu de Notre démarche.
La logique de ces accords se décline en cinq points.
Premièrement, «Cinq chantiers pour changer le Congo »,
ce n'est ni un slogan, ni une utopie. C'est un projet.
Mieux, c'est un contrat passé avec le peuple. Nous avons
donc une obligation de résultat, et il nous faut trouver
des ressources financières pour matérialiser ces
chantiers sur le terrain.
Deuxièmement, Nous avons assaini le cadre
macroéconomique et Nous gérons mieux nos finances
publiques. Cependant, Nos ressources propres, quoiqu'en
constante progression, demeurent insuffisantes face à
l'ampleur de Nos besoins de reconstruction.
Troisièmement, le concours de Nos partenaires
traditionnels est fort appréciable et apprécié. Il est
cependant déjà pris en compte dans le calcul du déficit
de financement à combler et, vu les procédures de
décaissement qui lui sont propres, il ne répond pas à
l'urgence de Nos besoins.
Quatrièmement, Nous sommes dans la dernière ligne droite
vers le point d'achèvement de l'initiative PPTE et la
réduction substantielle du fardeau de la dette. Le
financement additionnel à trouver doit être susceptible
de décaissement rapide, et s'obtenir à des conditions
qui n'accroissent pas notre endettement et mettent en
danger le point d'achèvement.
Cinquièmement, puisque les institutions financières
chinoises disposent de liquidités importantes et que
leur pays a des besoins importants en ressources
naturelles, notamment minières, pourquoi ne pas conclure
avec eux un accord où chaque partie trouverait son
compte?
En échange de concessions minières, exploitées en
partenariat avec des entreprises publiques congolaises,
donnant de l'emploi aux congolais et produisant de la
valeur ajoutée localement, les banques Chinoises
acceptent de contribuer au financement de Nos cinq
chantiers.
Pour la première fois dans Notre histoire, le peuple
congolais pourra enfin voir à quoi aura servi son
cobalt, nickel ou cuivre !
Tel est l'esprit des accords avec la partie chinoise.
Ils ont été conclus en toute transparence et Nous sommes
prêts à conclure des accords similaires avec d'autres
partenaires.
Honorables Députés et Sénateurs,
Désormais, Notre devoir est de nous attaquer aux tâches
de développement et de reconstruction.
Dans cette perspective, Nous accordons la priorité à la
construction et à la modernisation des infrastructures
de base, de manière à libérer le potentiel des secteurs
productifs porteurs de croissance.
Nous avons en effet l'ambition de mettre fin à
l'enclavement du Congo et des parties entières de son
territoire, d'interconnecter tous les coins et recoins
du pays et de rendre fluide la circulation des
personnes, des biens et des services.
C'est pourquoi, plusieurs projets de routes, ports,
aéroports et chemins de fer, d'écoles et hôpitaux,
d'adduction d'eau, d'électrification, d'aménagement des
biefs maritime et fluvial et de modernisation du système
national des télécommunications ont été identifiés, sont
en voie d'être étudiés, vont être financés et devraient
bientôt démarrer.
Sans être exhaustif, il s'agit principalement des
projets prioritaires suivants:
? Modernisation des aéroports, dont ceux de Kavumu et de
N'Djili, et Construction d'une autoroute reliant ce
dernier aéroport au centre de la ville;
? Modernisation de la voirie urbaine des principales
villes du pays, sur une longueur de 450 km, en plus du
Boulevard Lumumba, du Boulevard du 30 Juin et de
l'Avenue de la Libération à Kinshasa;
? Construction d'hôtels cinq étoiles de classe
internationale, dont au moins un à Kinshasa et un autre
à Lubumbashi;
? Lancement des travaux de construction et modernisation
d'une ligne de chemin de fer reliant Sakania à Matadi ;
? Construction de centres commerciaux ulta modernes ;
? Réhabilitation de quatre quais au Port maritime de
Matadi, de la drague de Banana, du port de Mbandaka et
de plusieurs bacs ;
? Construction de deux universités
? modernes et réhabilitation des homes des étudiants
dans plusieurs universités et instituts d'enseignement
supérieurs publics;
? Début des travaux de modernisation de plusieurs routes
d'intérêt national à travers toutes les provinces du
pays, dont une route bitumée reliant Lubumbashi à
Kisangani;
? Démarrage du programme de développement des
infrastructures sociales qui prévoit à terme la
construction des hôpitaux, de centres de santé et de
logements sociaux.
Honorables Députés et Sénateurs,
L'année qui commence augure des lendemains meilleurs
pour notre peuple.
La voie pour mettre en oeuvre et réussir le programme de
reconstruction nationale est désormais balisée. Notre
pays se trouve à un virage déterminant de son histoire.
Il est prêt pour le décollage.
Mais Notre travail, Nous, congolaises et congolais, ne
fait que commencer. Car, même si l'appui de nos
partenaires n'est ni à négliger, ni à récuser, en
dernier ressort, c'est à Nous, et à nous seuls, qu'il
revient de construire le Congo.
Plutôt que de fonder Notre avenir sur la doctrine de
l'aide et de l'assistance, Nous devons donc apprendre à
compter d'abord sur Nos propres efforts. Plutôt que de
Nous décourager, Nous devons saisir toutes les
opportunités qui s'offrent à Nous, et nous devons le
faire tous ensemble, quelles que soient nos'
divergences.
Unis comme un seul homme, Nous changerons Notre pays et
mettrons fin à la pauvreté.
Je sais qu'il y a des sceptiques et des défaitistes,
nationaux et étrangers, qui soutiennent que dans ce pays
le changement n'est pas possible. Ils ne connaissent pas
l'âme du congolais.
Il y a quelques temps, les mêmes avaient douté que Nous
puissions ramener la paix, réunifier le pays et
organiser des élections libres et démocratiques.
L'histoire s'est chargée de démontrer qu'ils avaient
tord. Aujourd'hui, il Nous appartient de démontrer
qu'ils se trompent encore. Par Notre mobilisation à
tous. Par le travail de chacun. Et dans la discipline.
La pauvreté et la précarité n'ont ni couleur politique,
ni appartenance ethnique. Elles ne sont ni de gauche, ni
de droite, ni du pouvoir, ni de l'opposition. Le combat
pour les abattre ne saurait donc s'accommoder de camps
ou de clans. Encore moins, d'une quelconque
complaisance.
L'indiscipline est cause d'échec; elle ne peut être
tolérée. Elle est souvent cause de catastrophes. Elle
doit être combattue.
En tant que garant de la nation et de la Constitution,
.J'ai la charge de veiller au fonctionnement régulier
des institutions, au respect des droits de l'homme, à la
restauration de l'autorité de l'Etat, ainsi qu'à
l'application stricte des lois et règlements.
A ce titre, Je ne ménagerai aucun effort pour la lutte
acharnée contre l'impunité, l'immoralité et la
corruption.
Des réformes sont en cours, et je suis à ce sujet pour
la révision de la loi pénale, afin de la rendre plus
dissuasive, notamment par un relèvement des peines,
surtout en cas de récidive, ou quand le justiciable est
un préposé de l'Etat.
L'action répressive cependant devra suivre. Mais aussi,
prévention oblige, la formation civique et la
conscientisation de la population.
J'interpelle en effet notre population et l'invite à se
prendre en charge face aux phénomènes dévastateurs que
sont la corruption et la dépravation des m?urs.
Sans repères moraux clairs, le progrès n'est pas
possible. Le combat contre ces deux fléaux Nous engage
donc tous.
Cela étant, au lendemain des ces longues années de
guerre, à l'aube de cette nouvelle ère de pouvoirs
légitimes issus des urnes, et au regard du chemin
parcouru, que dire, pour conclure, de l'état de Notre
Nation?
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale, Monsieur
le Président du Sénat,
Honorables Députés et Sénateurs,
Chers Compatriotes,
Avec l'engagement de chacun de Nous et avec l'aide du
Seigneur, lentement mais sûrement, la réalité est en
train de rattraper le rêve.
La Nation congolaise se porte mieux qu'il y a un an,
beaucoup mieux qu'il y en a quinze, et son état
s'améliore chaque jour davantage.
Que Dieu vous bénisse!
Je vous remercie.