Le général déchu Laurent Nkundabatware, chef du mouvement rebelle « CNDP » (Congrès national pour la défense du peuple), possède « une capacité de nuisance, mais n'aura ni les moyens de sa politique ni la politique de ses moyens, et n'ira pas à Kinshasa pour renverser le régime ».
C'est ce qu'a affirmé le coordonnateur du programme Amani (programme sur la paix, la sécurité et le développement du Nord-Kivu et du Sud-Kivu), l’abbé Apollinaire Muholongu Malu-Malu, dans une interview au quotidien belge « Le Soir » paru lundi à Bruxelles.
Non seulement le général déchu a pris goût à la déstabilisation, mais aussi on l’a entretenu dans l’ambition de rééditer les exploits de la guerre de 1996 et celle de 1998, souligne l’abbé Muholongu Malu-Malu, qui fait néanmoins remarquer que ce rebelle se trompe lourdement, car les époques ont changé et il y a eu les élections.
A une question sur ce que veut exactement Nkunda, le coordonnateur du programme Amani relève que le problème avec l’insurgé est que son cahier des charges change tout le temps : « au début, il exigeait le retour des réfugiés tutsi, or le programme Amani a permis de débloquer la question, en organisant le contact tripartite avec les pays voisins. Ensuite, il avait avancé la question des FDLR, et nous lui avons répondu que cela se réglait entre Etats. Il a alors proclamé la rébellion, renié le programme Amani, plaçant chaque fois la barre plus haut ». L’abbé Muholongu Malu-Malu est convaincu qu’il est temps d’arrêter le massacre car, outre ce qui s’est passé à Kiwanja et qui est déjà connu, Nkunda a démantelé les camps des déplacés. Autant de faits qui, selon lui, constituent des crimes de guerre.
Prié de dire s’il y a également des motivations économiques, le coordonnateur du programme Amani relève que Nkunda a réagi « négativement » lorsque que « nous lui avons proposé » que la douane de Bunagana soit fermée. « C’est de là qu’il tirait ses fonds de commerce », précise l’abbé Muholongu Malu-Malu. En guise de sortie de crise, il préconise des entretiens directs entre les Présidents Kabila et Kagame. « Même si ce dernier refuse aujourd’hui, il acceptera un jour, car on ne choisit pas ses voisins et il faut éviter que les Etats se reconstruisent dans le ressentiment des uns contre les autres », souligne-t-il, avant d’ajouter que les pays qui le peuvent devraient exercer de l’influence sur le Rwanda, car Nkunda avance les mêmes arguments que Kigali.
Nkundabatware invité à prendre conscience de sa responsabilité devant Dieu
Le CNDP est invité par les femmes protestantes de Kinshasa à considérer la lourde responsabilité qu’il tient devant Dieu, la nation et l’humanité toute entière pour le sang des innocents qu’il verse dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Ces femmes s’expriment ainsi dans les résolutions de leur rencontre la semaine dernière en la cathédrale du Centenaire protestant de Kinshasa, dans lesquelles elles lui recommandent de se repentir.
Elles se disent indignées et révoltées par « des guerres à répétition menées par la rébellion de Nkunda contre les institutions issues des élections nationales. Elles appellent enfin les femmes congolaises à la mobilisation et à la solidarité pour dire non à la guerre et à organiser les actions de résistance afin de barrer la route à l’agression.