Décembre 2006 - 6 décembre 2008, il y a exactement deux ans que le Chef de l’Etat, Joseph Kabila était investi après avoir remporté l’élection présidentielle de 2006. Deux ans c’est peu ; deux ans, c’est beaucoup. Qu’est-ce qui a été fait pendant ces deux années de règne ? Qu’est-ce qui reste à faire ? Quelles sont les difficultés de parcours ?
Kabila va fixer l’opinion aujourd’hui, à travers un message qu’il va adresser à ses compatriotes, surtout ceux de l’Est…
Plus d’un million des congolais courent encore dans la jungle, à la recherche d’un refuge. Des centaines d’autres sont dans des camps de fortune, s’alignant, parfois sous un soleil de plomb, pour recevoir l’aide alimentaire des Ongs internationales. A Butembo, les compatriotes qui ont fui les engins de la mort passent nuit dans certaines écoles. Quitte à libérer les salles la journée pour permettre aux enfants d’étudier. Des portions de terres sont disputées entre l’armée régulière et les éléments du CNDP de Laurent Nkundabatware. La Mission onusienne qui a tendance à s’éterniser sur le sol congolais joue à la force d’interposition. Des violations massives de droits de l’homme sont signalées de part et d’autre. Un revenant se croirait en 1998, 1999…, les années de triste mémoire où le pays était morcelé en trois zones, sous administrations différentes.
Et comme à l’époque, les faiseurs de guerres se transforment en anges de paix à la recherche d’une solution. L’Onu désigne un médiateur, Obasanjo, un général nigérian à la retraite pour tenter de réconcilier les frères ennemis.
Incapables de trouver la solution sous l’arbre à palabre, les politiciens congolais, éternels enfants, ont été trimballés hier, tantôt à Gaborone, tantôt à Addis-abeba ou encore à Sun City et un schéma leur a été imposé, le fameux 1+4.
Aujourd’hui, l’on parle déjà de Nairobi, la Capitale Kenyane, qui pourra recevoir les délégués du Gouvernement et ceux du CNDP, appelés à négocier. La suite, on se l’imagine : le partage du gâteau sur la tombe des milliers des congolais fauchés gratuitement. C’est du sur place.
Ça se passe après les élections
Ils étaient pourtant mobilisés, les congolais, des millions, à aller voter. Les récits sont poignants. Dans certaines parties reculées du pays, les électeurs étaient obligés de parcourir des centaines de Kilomètres à pieds. D’autres se sont noyés dans des embarcations de misère. Parce qu’il fallait, à tout prix, voter. A l’idée que cela mettra définitivement fin à la guerre et qu’enfin, on pourra vivre tranquillement chez soi, cultiver son champ, mettre la croix aux viols massifs des femmes et jeunes filles. Hélas ! Deux ans, après l’investiture du Chef de l’Etat, rien, alors rien n’a changé au Congo, particulièrement dans sa partie orientale. Les congolais ont abandonné leurs terres aux FDLR, à la LRA, des groupes armés étrangers qui font la loi sur la terre de nos ancêtres, faute de l’autorité de l’Etat. A Dungu, une cité de plus de 30.000 habitants n’est restée que l’ombre d’elle-même. Environ 20.000 personnes ont quitté le coin. Des dizaines d’écoliers ont été pris en otage par les éléments de la LRA. Leur sort reste incertain.
Les Mbororo ne sont pas en reste. Ça, c’est sur le plan sécuritaire.
Et la Gouvernance ?
Sous la transition, des têtes sont tombées à cause du détournement des deniers publics. Des ministres issus quasiment de toutes les composantes et entités ont été remerciés pour avoir touché au magot de l’Etat. Après les élections, le très bavard De Gucht, le Ministre belge des Affaires Etrangères a dénoncé la corruption généralisée à tous les échelons de l’Etat. Si on s’était limite qu’à cet homme politique Flamant, on crierait à l’ingérence. Mais par la suite, les Députés nationaux ont dénoncé lors des séances plénières radiotélévisées, le détournement à grande échelle du solde des militaires sensés défendre le pays contre ceux qui nous mènent une guerre purement économique, de pillage des ressources.
Les chantiers piétinent
Socle du programme quinquennal du Gouvernement de la République, les 5 chantiers pèchent en visibilité. Un constat des Députés nationaux tant de la majorité que de l’opposition. Des matériels ont débarqué en pompe à Kinshasa avec caravane. Le peuple a applaudi, l’occident s’est énervé. Parce que les chinois auraient pris leur place. Laquelle ? Parce qu’ils ont été toujours là et le Congo, lui, accuse un déficit criant en matière d’infrastructures de base.
Les Fonctionnaires attendent toujours Mbudi
La grogne sociale est une épine dans le pied de l’Exécutif Congolais. Depuis la transition jusqu’à ce jour, la rentrée scolaire se fait toujours à plusieurs vitesses. Médecins et paramédicaux ont beau tuer les malades à cause des grèves sèches sans pour autant trouver solution à leurs revendications.
A en croire les statistiques de la Banque Centrale, de mars à août 2008, les prix ont augmenté de 100 % tandis que le pouvoir d’achat a baissé à 18 %. En ce mois de décembre, c’est pire.
L’espoir s’est envolé
L’espoir était permis avec le boum du secteur minier au Katanga. Ce qui avait poussé l’ancien maire de Lubumbashi, le tristement célèbre Kaseba d’exiger les visas aux congolais non originaires de la province cuprifère. Malheureusement pour le Congo, la crise financière mondiale s’y est mêlée. Au point de créer carrément la récession économique. Plus de 40 minings auraient mis la clé sous le paillasson d’après la FEC. Certains à cause du dossier révisitation des contrats miniers ; d’autres par manque des crédits pour faire tourner leurs affaires. Il faudra vite réfléchir sur l’alternative en attendant que les choses se normalisent au niveau international. Seulement, ça risque de prendre des années.
Qu’est-ce qui sera dit ?
En principe, le Président de la République doit parler. Faire l’état des lieux de la nation. Que va-t-il dire ? Telle est la grande question.
D’aucuns auraient voulu que le Chef de l’Etat redéfinisse les priorités. A commencer par la modernisation de l’armée. Les pillards ne laisseront le Congo tranquille que le jour où ils se sentiront menacés par une armée dissuasive. Et ce ne sont pas les impérialistes qui aideront le Congo à avoir une telle armée. Au contraire, ils veulent voir un ‘‘Grand’’ Congo toujours faible, exploitable à souhait, vulnérable. Ils ne voudront jamais qu’il y ait de l’ordre, préférant pêché en eau trouble avec la complicité des certains fils du pays et des pays voisins.