L’Hémicycle du Palais du Peuple a rouvert ses portes hier à l’occasion de la rentrée parlementaire. Pour la cérémonie officielle d’ouverture de la session de septembre, la salle des congrès a accueilli ce que la ville compte des hautes personnalités du pays. Du Premier ministre et son équipe gouvernementale au Procureur général de la République, en passant par le Président de la Cour suprême de justice, les officiers généraux de l’armée et la police ; et les diplomates, tout le corps constitué s’est joint aux députés et sénateurs pour marquer d’une pierre solennelle cette rentrée pour une session essentiellement budgétaire.
Un seul point était inscrit à l’ordre du jour, à savoir le discours d’ouverture du Président de la Chambre basse, Evariste Boshab. Dans un propos solennel, Boshab a rappelé que cette deuxième session annuelle pour l’exercice 2009 est essentiellement budgétaire. Après avoir tracé la situation difficile de vie des populations congolaises et rappelé aux députés leur devoir de déposer le rapport de leurs vacances sur la vie politique, administrative, économique et sociale de leurs circonscriptions électorales respectives, le Président de la Chambre basse a relevé à l’attention de son auditoire que conformément à une décision des Nations Unies, le 15 septembre de chaque année est décrété, depuis deux ans, Journée internationale de la démocratie.
«La volonté de la Communauté internationale est, à travers cette journée, de faire du parlement le principal outil de la démocratie», a fait savoir Boshab avant d’indiquer que pour cette année, l’Union parlementaire internationale a placé cette Journée sous le thème de « démocratie et tolérance en politique. » Notant que la tolérance en politique « est l’un des piliers indispensables au bon fonctionnement du parlement », il a ajouté que cette tolérance politique « implique, entre autres, le respect tant des règles de la démocratie, des différences d’opinions politiques, des droits et devoirs de l’opposition que des prérogatives du mandat parlementaire. » ce thème doit interpeller tout le monde, a encore dit Boshab, en ce qu’il consacre la diversité d’opinions, le respect de la libre pensée et l’instauration des mécanismes de résolution pacifique des conflits.
L’avenir de la démocratie en RDC repose sur la manière dont chacun de ses fils « s’engagera dans la bataille pour la réduction des inégalités économiques, sociales et politiques. »
Le Président de l’Assemblée nationale a fini par annoncer la tenue prochaine d’une séance académique au cours de laquelle les députés se retrouveront dans un débat d’approfondissement du sujet pour dégager les meilleures pistes de sublimation de la démocratie à l’hémicycle.
LES ENQUETES PARLEMENTAIRES ET PROCESSUS ELECTORAL
Abordant les autres matières que les députés auront à traiter en dehors de l’examen et l’adoption du budget, Evariste Boshab a fait savoir que le Bureau a, pendant les vacances, fait mener cinq enquêtes parlementaires dont les rapports seront soumis à la plénière. Il s’agit des enquêtes sur la situation à la SNCC, la pépinière de Gombe, l’impression et la livraison des passeports biométriques (aspects techniques), l’évaluation financière de l’opération d’octroi du passeport biométrique et des visas thermocollants et la régularité du test d’admission en doctorat imposé aux étudiants venant des extensions de l’Université de Kinshasa.
Dans le même esprit, et faisant allusion à la session budgétaire, la Chambre basse aura aussi à examiner les conclusions tirées de l’examen des renseignements recueillis pendant les vacances parlementaires en rapport avec l’exécution du budget de l’Etat pour l’exercice 2009. Quant au budget 2010 à examiner, Boshab a promis que l’Assemblée nationale déploiera ses efforts pour que « la réforme budgétaire devienne effective pour que les méthodes de gestion soient adaptées aux règles de bonne gouvernance et de transparence financière. » Ce budget, a-t-il ajouté, devra « être adapté au besoin du développement économique de la RDC.»
Quant au processus électoral qui a été relancé avec la révision du fichier électoral, Evariste Boshab, qui a salué cette opération ainsi que l’engouement de la population à s’y soumettre, a dit attendre du Gouvernement « un calendrier électoral réaliste pour parachever le processus de mise en place des institutions démocratiques. » En attendant, a-t-il aussi promis, " l’Assemblée nationale va inscrire dans son calendrier de la présente session, la production des textes de loi nécessaires au bon déroulement des élections, à savoir la loi organique fixant les subdivisions à l’intérieur des provinces et la loi portant organisation, attribution et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante »
HARO SUR LES DEPUTES ABSENTEISTES
Pour parvenir à remplir sa mission, l’Assemblée nationale compte sur la participation de chacun de ses membres. « La bonne exécution du budget par le Gouvernement est largement tributaire du suivi que nous devons en assurer dans le cadre du contrôle parlementaire », a dit Boshab qui s’est, cependant, inquiété du rythme de travail de ses collègues dont bon nombre se distinguent par un absentéisme inquiétant.
Les statistiques de la direction des séances, révèle le Président de l’Assemblée nationale, indiquent que, pour la session de mars 2009, 58 députés se sont absentés de façon continue et non justifiée à plus d’un quart des séances.
Autres indications : sur un total de 20 séances plénières pour 500 députés, le nombre des présences s’est élevé, en mars 2009, à 8.205, soit 14 présences en moyenne par député. Le nombre des absences s’élève, quant à lui, à 1.163, soit 4 absences en moyenne par députés, tandis que le nombre des absences excusées s’est situé à 612, soit 2 absences par député. Et Boshab de conclure : « le travail que nous avons abattu lors de la session de mars 2009, dont le bilan a été largement positif fut l’œuvre d’une équipe de 260 ou 300 députés qui sont assidus dans leurs commissions et réguliers dans les séances plénières. » A ceux-là, il a promis l’application des articles 85 et 107 du Règlement intérieur relatif à l’absentéisme. Et de se justifier : un représentant du peuple est celui qui voit d’abord l’intérêt du peuple dans tout ce qu’il fait ; sa tâche consiste à se battre pour que les conditions de vie de la population s’améliorent tant quantitatif que sur le plan qualitatif. »
SERRER LES BOULONS SUR LE GOUVERNEMENT
Tout en promettant ainsi plus de rigueur envers ses collègues, Evariste Boshab a conclu en annonçant aussi un renforcement du contrôle parlementaire. Dans cet esprit, il compte s’employer à faire donner suite à de « nombreuses initiatives de contrôle prises par les députés et procéder, sans complaisance, à l’évaluation de la mise en œuvre de nos différentes recommandations et résolutions adressées au Gouvernement. » Pour cela, la Chambre basse du Parlement «exigera du Gouvernement non seulement un rapport d’exécution du budget 2009, mais aussi un rapport sur l’exécution des recommandations lui adressées par l’Assemblée nationale.»