KIGALI, le 30 mai (IRIN) - Le président rwandais Paul Kagamé a déclaré vendredi que son gouvernement accueillait favorablement l'annonce faite par la milice rebelle hutue basée en République démocratique du Congo (RDC) qu'elle allait déposer les armes.
Il a toutefois affirmé que son gouvernement n'engagerait pas de discussions préalables avec la milice.
«La seule chose que nous ferons sera de leur ouvrir les frontières», a déclaré Kagamé. «Ceux qui désirent venir sont les bienvenus. Ceux qui veulent rester, le peuvent. Et ceux qui veulent continuer de se battre sont libres de le faire »!
Cette remarque fait suite à la déclaration le 31 mars d'Ignace Murwanashyaka, chef de la milice des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), que sa milice cesserait ses opérations militaires contre le Rwanda et retournerait volontairement au pays.
On estime à près de 10 000 le nombre de combattants des FDLR basés à l'est de la RDC. Certains sont soupçonnés d'avoir pris part au génocide rwandais de 1994 qui a coûté la vie à près de 937 000 tutsis et hutus modérés.
La présence des FDLR en RDC a contribué à l'instabilité dans la région et servi de prétexte aux invasions rwandaises de 1996 et 1998. Kagamé a à de nombreuses reprises menacé la RDC d'envoyer les forces armées rwandaises à l'est du pays si les rebelles n'étaient pas désarmés.
En janvier dernier, l'Union africaine a annoncé vouloir contribuer à l'effort pour désarmer les rebelles rwandais.
Selon Jim Terrie, analyste en chef d'International Crisis Group (ICG), l'annonce du chef des FDLR était «politiquement et psychologiquement importante». Il a affirmé en début du mois que par cette déclaration les rebelles avaient «reconnu leur isolement».
Plusieurs analystes ont néanmoins exprimé la crainte que Murwanashyaka n'exige certaines prérogatives en échange du retour des miliciens.
A en juger par les remarques de Kagamé, il y a peu de chances que le gouvernement rwandais accède aux demandes des miliciens.
«Nous apprécions que les FDLR aient annoncé leur désir de désarmer et de rentrer au Rwanda», a déclaré Kagamé, mais « nous n'entamerons aucun dialogue sur les modalité du rapatriement».