« Ce qui s’est passé à Kavumu et qui continue aujourd’hui dans nombreux villages en RDC notamment les viols et les massacres à Beni et au Kasaï a été rendu possible par l’absence d’un Etat des droits, l’effondrement des valeurs traditionnelles et le règne de l’impunité, en particulier pour les personnes au pouvoir. Les viols, les massacres, les tortures, l’insécurité diffuse, le manque d’éducation créent une spirale des violences sans précédent. Seule la lutte contre l’impunité peut briser la spirale des violences sexuelles. Et nous avons tous le pouvoir de changer le cours de l’histoire lorsque les convictions pour lesquelles nous nous battons sont justes », a affirmé le Dr Denis Mukwege.
Il a dédié son prix à « toutes les victimes des violences sexuelles à travers le monde ».
« C'est avec humilité que je me présente à vous, portant haut la voix des victimes des violences sexuelles dans les conflits et les espoirs de mes compatriotes », a assuré le gynécologue congolais.
Tracer une ligne rouge
Le docteur Mukwege a aussi demandé aux Etats de lutter contre l’utilisation des violences sexuelles comme armes de guerre.
« Nous devons tous nous approprier ce combat, cette lutte contre les violences sexuelles, y compris les Etats qui doivent cesser d’accueillir les dirigeants qui ont toléré ou pire utilisé la violence sexuelle pour accéder au pouvoir. Les Etats doivent tracer une ligne rouge contre l’utilisation des viols comme arme de guerre, une ligne rouge qui serait synonyme des sanctions économiques, politiques et des poursuites judiciaires. Poser un acte juste n’est pas difficile, c’est une question de volonté politique », a fait remarquer Denis Mukwege.
Il a appelé les Etats « à soutenir l’initiative de la création d’un Fonds mondial de réparation pour les victimes des violences sexuelles dans les conflits armés ».
Le congolais Prix Nobel de la paix 2018 a appelé la planète à cesser d'ignorer les violences sexuelles qui ont lieu en République démocratique du Congo.
« Ce ne sont pas seulement les auteurs des violences qui sont responsables de leurs crimes, mais aussi ceux qui choisissent de détourner le regard. S'il faut faire la guerre, c'est la guerre contre l'indifférence qui ronge nos sociétés », a déclaré le Dr Mukwege.
Le prix Nobel de la paix a été attribué le 5 octobre 2018 au médecin congolais Denis Mukwege et à la Yazidie Nadia Murad, ex-esclave du groupe Etat islamique, qui oeuvrent à "mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre".