La situation sécuritaire dans l'Est de la République démocratique du Congo a été au centre de l'entretien que les membres du Conseil de sécurité de l'Onu ont eu, le mercredi 20 juin dernier à Kinshasa, avec les parlementaires du Nord et Sud-Kivu.
A l'issue de leur échange, les deux parties ont chacune proposé, une piste de solutions pour le retour d'une paix durable dans cette partie du territoire national. Pour les parlementaires congolais et les membres de la société civile, « la solution militaire est la meilleure parce qu'elle peut aider à recouvrer la sécurité à l'Est de la RDC ». Une solution qui n'a pas rencontré l'assentiment de la délégation onusienne qui, elle a opté pour « une solution à la fois politique et militaire ».
CAUSES DE L'INSECURITE
Pour ce qui est des causes de l'insécurité qui sévit dans ces deux provinces, les membres de la société civile et les parlementaires ont cité la présence incontrôlée et non souhaitée des Interahamwe et de plusieurs groupes armés dans les deux Kivu. Raison pour laquelle, ils ont demandé l'aide de la communauté internationale pour rapatrier les rebelles hutu rwandais qui sèment au quotidien, la désolation auprès de la population. Contrairement à la vision de la délégation du Conseil de sécurité, les représentants du Kivu, cité par le média onusien, estiment que « le dialogue ne peut amener nulle part dans la situation qui prévaut actuellement au Nord et au Sud-Kivu».
Dans un mémorandum adressé aux membres du Conseil de sécurité, les députés du Nord-Kivu ont démontré que le phénomène Laurent Nkunda est identifié dans leur province comme la principale source d'insécurité. En effet, après les déboires dans son aventure à Bukavu en Juin 2005 et se sentant acculé par la résolution 1596 du Conseil de sécurité des Nations unies, le général déchu a installé son sanctuaire à Kitshanga dans le territoire de Masisi, où il entraîne les anciennes 81ème et 83ème brigades de la 8ème région militaire, précisent les signataires du mémorandum. Dans le même registre, ils indiquent que « pendant la période électorale, Nkunda visiblement soutenu par le Rwanda, s'est engagé dans un recrutement massif en entraînant dans son orbite, tous les mécontents politiques et militaires non intégrés dans le processus d'exercice du pouvoir par l'AFDL, la transition ainsi que certains candidats malheureux aux élections de 2006 ».
CONSEQUENCES
Par ailleurs, les députés ont fait remarquer qu'au début de l'année 2007, la tentative du gouvernement congolais de régler pacifiquement la question Nkunda a, selon eux, conduit à la mise sur pied d'une formule particulière d'intégration dans l'armée dénommée « Mixage ». Cette opération a eu comme conséquences humanitaires, le déplacement massif des populations civiles vers d'autres localités. Ce phénomène a également entravé la libre circulation des personnes et de leurs biens. Et cela, sans tenir compte d'autres méfaits tels que la déperdition scolaire, le ralentissement de l'activité économique, l'aggravation de l'état de pauvreté et la résurgence des épidémies?
Pour ce qui est des pistes de solutions, les élus du Nord-Kivu ont formulé quelques recommandations. Au plan politique et diplomatique, ils proposent que le Conseil de sécurité s'assure de l'application effective de sa résolution 1596 sur les personnes et organisations impliquées dans les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en RDC.
A l'instar de la RDC et du Burundi, ils demandent à la communauté internationale d'amener le Rwanda et l'Ouganda à organiser respectivement des dialogues politiques avec leurs oppositions armées et non armées établies en RDC et dans d'autres pays, notamment les FDLR, NALU/ADF, LRA, etc.
Sur le plan militaire et sécuritaire, les députés suggèrent la levée immédiate de l'embargo imposé au gouvernement congolais sur l'achat des armes et autres équipements militaires ainsi que la surveillance accrue sur l'importation des armes par les groupes armés opérant à l'Est de la RDC. Avant de demander l'appui soutenu de la communauté internationale au gouvernement congolais, afin de mettre définitivement un terme au phénomène Nkunda?
Quant au plan humanitaire, social et économique, ils plaident en faveur d'une assistance urgente significative aux déplacées des territoires de Rutshuru et Masisi, surtout celles installées à Niongera, Jomba, Bwito et Busanza, ainsi que l'accélération de leur rapatriement et réinsertion socio-économique dans leurs milieux d'origine, aussitôt que les conditions sécuritaires le permettront.
Pour la Coordinnation Nationale de l'ONG Human Rescue/RD.Congo,
Madame Chantal Nyota,
Chargée des Communications à la Coordinnation Nationale de Kinshasa.
Web:www.societecivile.cd/node/535