KAMPALA, le 20 octobre (IRIN) - L'Ouganda a demandé l'autorisation à la République démocratique du Congo (RDC) de redéployer des troupes dans l'est du pays pour poursuivre des membres de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui ont pénétré dans le pays en septembre, a déclaré Sam Kutesa, le ministre ougandais des affaires étrangères, jeudi.
« La LRA est une organisation terroriste, qui opère hors du Soudan depuis 10 ans. Ils se déplacent maintenant dans la RDC, ce qui crée une nouvelle dynamique », a déclaré Kutesa à l'ouverture d'une conférence sur la sécurité dans la région des grands lacs qui se tenait à Kampala, la capitale ougandaise.
Les représentants du Burundi, de la RDC, du Rwanda et de l'Ouganda ont participé à la conférence, intitulée La Commission conjointe tripartite.
« Nous devrions d'abord coordonner puis opérer conjointement en raison du cumul de notre connaissance et de notre expérience avec la LRA », a affirmé Kutesa. « Sans notre engagement, ce problème ne sera pas résolu ».
Près de 400 rebelles de la LRA fuyant une attaque de l'armée ougandaise ont traversé la frontière sud-ouest du Soudan en septembre pour se réfugier dans le Parc national de Garamba en RDC. Cependant, suite aux plaintes de l'Ouganda, l'armée congolaise a lancé une offensive pour déloger les rebelles et est parvenue à les faire rentrer au Soudan.
Mais des rapports ont laissé entendre que certains membres de la LRA étaient retournés au nord est de la RDC.
La requête de l'Ouganda demandant le redéploiement des troupes fait suite à un accord signé mardi par les chefs d'état-major des armées congolaises et ougandaises, permettant de déployer immédiatement une équipe conjointe afin de vérifier le positionnement de la LRA à l'est du Congo.
Les deux chefs, le lieutenant général ougandais Aronda Nyakairima et le lieutenant général Kisempa Sungilanga Lombe de la RDC, ont également accepté que les informations réunies par les équipes de vérifications conjointes soient partagées par leurs états-majors respectifs à Yei au Soudan et dans la province Orientale du Congo, au nord est du pays.
Le centre opérationnel de Yei est composé des commandants ougandais et de l'Armée/ Mouvement de libération du peuple soudanais, tandis que celui d'Aba comprend des officiers congolais et de la MONUC, la Mission des Nations unies au Congo.
La LRA, qui, depuis 19 ans, mène une guerre contre le gouvernement ougandais, opère depuis des bases situées dans le nord de l'Ouganda et dans le sud du Soudan, et cible souvent les populations civiles du sud du Soudan. Le gouvernement du Soudan, le SPLA et l'armée ougandaise ont récemment lancé une opération conjointe pour chasser les rebelles ougandais du Soudan.
Un chef de l'armée ougandaise présent à la conférence de Kampala, a déclaré, sous le couvert de l'anonymat, que l'armée ougandaise était la mieux placée pour débusquer la LRA hors de sa cachette en RDC.
« La RDC dit qu'elle n'a pas les moyens de les affronter. La MONUC dit qu'elle n'a pas de mandat, alors, qui le fera ? »
« C'est pour cela que nous demandons une opération conjointe, un partage de l'information et des opérations de reconnaissance, avec la MONUC jouant le rôle d'observateurs, pour qu'ils ne disent pas que nous sommes ici pour piller », a-t-il ajouté.
Kutesa a déclaré que l'Ouganda voulait un renouvellement du mandat de la MONUC, ce qui lui permettrait d'utiliser la force pour désarmer les « forces négatives » dans la RDC.
« L'approche volontaire [pour le désarmement] n'a pas marché et dans tous les cas, ce n'est pas ce que l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka prévoyait. Il appelait au désarmement forcé », a-t-il ajouté.
Au sujet des rumeurs faisant état de l'implication d'« éléments ougandais » dans la prolifération des armes dans le district de l'Ituri au Congo, les chefs d'état-major ont exhorté la MONUC à développer des capacités aérienne et lacustres pour contrôler le trafic des armes passant par le lac Albert, une frontière naturelle entre la RDC et l'Ouganda.
Ils ont également demandé à la RDC, à l'Ouganda et à la MONUC de recenser la liste des points de passage suspects et de la communiquer lors de la prochaine réunion des agences de renseignement qui se déroulera à Butembo, en RDC, afin que les chefs des services militaires puissent arrêter des mécanismes de contrôle.
Dans le communiqué final, la partie congolaise a assuré l'Ouganda que l'armée congolaise expulserait également le reste des Forces démocratiques alliées et de l'Armée nationale de libération de l'Ouganda restés au Congo.