Il est de plus en plus clair que la Monuc ne restera pas éternellement sur le territoire congolais. Si le retrait total n’est pas pour demain, il est vrai que son mandat ne restera plus ce qu’il a été, à savoir une mission générale aux contours flous et flexibles selon le bon vouloir des responsables sur le terrain. Il était prévu que le mandat de cette mission de l’Onu en Rdc se termine en décembre de l’année 2009. Lorsqu’on s’approchait de cette date, le chef de l’Etat, Joseph Kabila avait mis le dossier sur la table en demandant au Conseil de sécurité de l’Onu de présenter au gouvernement congolais un plan de retrait de cette mission.
Cette demande du Chef de l’Etat a provoqué un tollé inexplicable dans certains milieux qui y ont vu un bras de fer que Kabila engageait avec la communauté internationale. Les esprits chagrins ont même lié cette demande du gouvernement congolais à la célébration du cinquantenaire. Il était insinué qu’en cette date, Joseph Kabila ne voudrait plus voir un seul soldat étranger sur le sol de son pays.
Bien que ce soit une aspiration légitime, le gouvernement congolais n’avait jamais agi dans le sens d’oublier ce que la Monuc, mieux la communauté internationale peut encore faire dans ce pays. La pensée du Chef de l’Etat a été précisée. Aujourd’hui, tout le monde est conscient que la Monuc doit partir en quittant ce pays selon un plan précis.
Il est question que le gouvernement congolais et les responsables de la Monuc se mettent d’accord sur les effectifs qui doivent rester et pourquoi ? Cela amènera à des précisions sur la nouvelle mission de la Monuc. Pour le gouvernement congolais, la guerre étant terminée et les problèmes d’insécurité étant circonscrits dans une partie du pays, essentiellement à l’Est, la Monuc devra se localiser dans cette partie du pays et devra se consacrer à des tâches de développement.
C’est pour commencer les discussions à ce sujet que le Premier ministre, Adolphe Muzito, a conféré hier à l’hôtel du gouvernement avec le chef de la Monuc, Allan Doss. Les deux parties doivent mettre en œuvre un cadre stratégique commun. La réunion d’hier lundi 02 Février 2010 entre le Gouvernement et la Mission de l’Onu en RD Congo, est un début d’un processus qui mènera à la fin du mandat de la Monuc. Il va de soi que le départ de la Monuc n’est pas une fixation, mais tant qu’elle sera là, ce sera l’image d’un pays troublé qu’elle représentera.
Pour certains observateurs, lorsqu’on parle de l’amélioration du climat des affaires, on ne doit pas seulement prendre en compte le délai pour créer une entreprise. Car, rien n’est moins rassurant qu’un pays où, tout le monde le dit, œuvrerait la plus importante et la plus couteuse mission de l’Onu. La cerise sur le gâteau, c’est le nombre impressionnant des Ong qui grouillent autour de la Monuc et qui se ressemblent tous dans leur désir caché de voir la situation humanitaire en Rdc perdurer en vue d’avoir du service.
La Monuc elle-même, ainsi que ces Ong, par leurs rapports tendancieux, mensongers et manipulateurs, ne font rien pour que le pays soit bien perçu à l’extérieur. Ce serait donc étonnant que le gouvernement congolais ne puisse pas avoir de l’empressement de voir la Monuc s’en aller et emporter avec elle l’image - par elle créée - d’un Congo ingouvernable où les soldats de l’armée nationale peuvent préparer et exécuter une attaque contre ses propres populations civiles pour cause qu’on les soupçonnerait d’une certaine intelligence avec le rebelles hutu rwandais des Fdlr.
Ce sont autant de raisons qui auraient pu obliger le gouvernement congolais à demander à la Monuc de tout simplement faire ses valises. Mais, depuis un certain temps, Kinshasa a pris l’option de convaincre par des actions et par la preuve du contraire. Le cadre qui est à créer et sur lequel Adolphe Muzito et Alan Doss on tablé hier au cours de leurs entretiens, est non seulement stratégique, mais aussi important dans la perspective de la reconfiguration de la mission onusienne en RD Congo. Aux côtés du Premier ministre Adolphe Muzito, on notait la présence du vice-premier ministre en charge de la Défense et sécurité, Symphorien Mutombo Bakafwa Nsenda, le ministre de la Défense, Charles Mwando Nsimba, le ministre de la Justice, Luzolo Bambi, le vice-ministre des Affaires étrangères et le coordonnateur du programme « Amani Leo ».
La qualité des personnes invitées à cette réunion démontre que cette question du retrait de la Monuc a des ramifications. Elle tient certes à la sécurité, mais aussi et surtout aux relations internationales, à la justice et au développement. Rappelons que la réunion qui s’est tenue à l’Hôtel du Gouvernement, était présidée par le chef du gouvernement congolais, Adolphe Muzito.
Comme on le voit, l’un des objectifs que les deux parties ont confié à ce cadre, c’est avant tout de réduire la pauvreté sur l’ensemble du territoire de la Rdc. On suppose que cela ne sera pas un sauf-conduit pour que la Monuc trouve des arguments pour son déploiement partout au pays comme c’est le cas aujourd’hui. Lorsqu’on sait que les effectifs de la Monuc seront largement revus à la baisse, le déploiement sur toute l’étendue du pays ne pourra que préjudicier les zones qui nécessitent réellement la présence de la Monuc.
Pour revenir au cadre lui-même, suivant les termes de référence qui ont été définis, il travaillera sur quatre axes principaux que sont, on s’en doutait, mettre fin à l’existence des groupes armés. C’est l’une des missions essentielles de la Monuc. Et pourtant, lorsqu’on parle des groupes armés qui n’auraient pas été totalement démantelés, souvent c’est le gouvernement qui est sur le banc des accusés. La Monuc, elle, se refugie souvent derrière la responsabilité du gouvernement congolais. Tel était le cas du Cndp, un groupe armé que la Monuc n’a pas clairement combattu. Il avait fallu que le gouvernement s’engage dans des négociations afin d’arriver à bout de ce mouvement rebelle.
Le deuxième axe, c’est la stabilisation des zones affectées par le conflit. Il n’y aura pas de stabilisation possible si les populations, surtout les jeunes, ne sont pas remis au travail dans une partie du pays qui a toutes les potentialités d’offrir du travail à tous ses jeunes.
Le troisième axe, c’est la consolidation de la paix. Tous les axes, comme on le voit, se tiennent. Ainsi donc, la consolidation de la paix passe par la fin de l’existence des groupes armés, par la stabilisation des zones sortant du conflit. Enfin, c’est le quatrième axe, c’est d’assurer le développement sur l’ensemble du territoire national. Cela doit constituer un objectif final à atteindre. La Rdc en a les moyens. Les deux parties, apprend-on de sources proches du cabinet du Premier ministre Adolphe Muzito, se retrouveront bientôt pour poursuivre les discussions.