Entre la RDC et ses partenaires de la SADC, plus rien ne va autour du dossier Westcor. Ce consortium constitué par cinq Etats pour la construction du barrage d’Inga III d’une capacité de 4.500 mégawatts n’est finalement qu’un mort-né. A cause des tergiversations de la partie congolaise, devant la proposition de BHP Billiton, de financer lesdits travaux, les quatre autres Etats considèrent avoir été désabusés. De commun accord et lors du conseil des ministres tenu à Kinshasa (!), ils ont annoncé la fin du projet Westcor. Depuis, entre ces pays membres de la SADC, la méfiance est totale dans la conduite des affaires. La RDC évolue désormais en cavalier solitaire !
La SADC n’a pas attendu l’échéance du 31 mars 2010 pour se prononcer sur le dossier Westcor. Lors du conseil des ministres de Kinshasa, tenu en février 2010, la décision est tombée : Westcor doit être liquidé ! Très clairement, la SADC a décidé «de mettre fin au projet Westcor et procéder à la liquidation de la société Westcor d’ici fin juin 2010 ; de développer un nouveau projet avec un nouveau mandat basé sur l’exploitation éventuelle de toutes les potentialités énergétiques disponibles dans la région à travers un nouveau protocole d’accord inter-sociétés, sous la supervision de la RDC qui devra soumettre un premier draft aux autres Etats membres ; de développer un cadre de base avec des éléments pour l’examen par les ministres du Westcor en marge de la réunion des ministres de l’Energie qui se tiendra fin avril 2010 en Angola».
Toutes ces bonnes intentions cachent les récriminations contre la RDC, d’autant plus qu’au rendez-vous d’avril 2010, la RDC aurait déjà évolué avec BHP Billiton sur le même projet. Cette firme du «top ten» mondial compte installer une exploitation d’aluminium dans le Bas-Congo, nécessitant une puissance électrique de près de 2.000 mégawatts. L’Afrique du Sud, l’Angola, la Namibie et le Botswana s’étaient partagé avec la RDC la production projetée de 4.500 Mw.
La clé de répartition était déclinée de manière à ce que 2.500 MW reviennent à la RSA, dont le besoin en énergie électrique est de plus en plus croissant. La RDC devrait se contenter de 1.000 MW alors que l’Angola, la Namibie et le Botswana se seraient partagé les 1.000 MW restants. Toutes ces projections sont ainsi devenues caduques du fait de l’arrêt du projet.
Avec BHP Billiton, non seulement que le barrage d’Inga III est une affaire congolaise, mais aussi la production devrait être destinée aux besoins internes de la RDC. Pendant ce temps, selon des sources concordantes, l’australien BHP Billiton n’investirait que pour ses propres besoins estimés à près de 2.500 MW. La RDC devra rechercher des fonds additionnels pour les 2.000 MW restants.
La Banque africaine de développement et le gouvernement canadien ont accepté de financer les études sur le site afin de déterminer la meilleure manière de valoriser le potentiel existant. Ce déficit avait gravement pénalisé la levée des fonds à travers des projets bancables. Nul ne pouvait s’engager dans des initiatives dont les contours n’étaient pas suffisamment cernés.
LE DIVORCE
Le secrétaire exécutif de Westcor, Dr Pat Naidoo, en ce qui le concerne, charge la RDC : «La versatilité des autorités congolaises n’est plus à démontrer». En fait, les autorités congolaises se sont réveillées tardivement pour mettre au-devant l’intérêt supérieur du pays. Cependant, dans les rapports entre Etats, le respect des engagements est une règle d’or, au risque de traîner l’Etat congolais devant l’ arbitrage international.
Les bailleurs de fonds concernés par la construction d’autres infrastructures hydroélectriques n’hésiteraient-ils pas avant de s’engager avec la RDC ? Un défi que la RDC s’est engagée à relever avec BHP Biliton qui a décidé de libérer les fonds destinés à cet effet.
D’ailleurs, la lourdeur constatée dans les différents financements négociés avec les bailleurs de fonds traditionnels milite en faveur des privés. Et BHP Billiton aide la RDC à réaliser son projet de disposer d’un barrage hydroélectrique capable de fournir une puissance énergétique suffisante pour ses besoins économiques futurs.
Il est vrai que la RDC «réitère son engagement pris en 2009 à Mozambique, celui de prendre le leadership pour le développement du site d’Inga». Dans l’entendement des autorités de Kinshasa, il s’agit du Grand Inga.
Réponse du berger à la bergère la SADC entend explorer d’autres sources à partir des barrages hydro montés sur les «petits» fleuves. Dans le lot : le Zambèze qui arrose la Zambie et le Zimbabwe, l’Intombi le Mozambique, le Kwanza en Angola (6.000 MW) et le Kunene en Namibie (1 600 MW). Le divorce qui semble consommé entre la RDC et ses alliés de la SADC démontre si besoin en était encore que la RDC leur a tourné le dos.
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