Conscient des progrès réalisés par la RDC grâce à l’action gouvernementale, la famille politique au pouvoir a résolu de jouer le jeu démocratique jusqu'au bout en apportant sa solidarité à son Exécutif.
Le Premier ministre, Adolphe Muzito Mfumunsi, et son Gouvernement n'iront pas seuls aux feux. La Majorité a, en effet, décidé de faire bloc autour de son exécutif dans l’éventualité la nouvelle épreuve de la motion de censure contre l'ensemble du Gouvernement, motion annoncée mercredi dernier par le Député MLC Jean Lucien Busa dans ses conclusions sur sa question orale avec débat.
Des sources proches de la Majorité ont indiqué à «Forum des As» qu'une telle option a été levée au terme des consultations préliminaires tenues au soir même de l'annonce de la motion de censure. A l'argument de cette démarche, on avance avant tout le bilan à mi-parcours de l'Exécutif qui, selon la majorité, est bien d’être aussi catastrophique que l’a dépeint Busa. " Il faut reconnaître, honnêtement, que les résultats récoltés jusqu'à ce jour montrent à suffisance que la RDC a accompli des efforts indéniables pour sortir de la grave crise qui l'accable ", explique un membre influent de l'AMP qui a requis l'anonymat. Tout en reconnaissant aussi que ces résultats ne sont pas encore perceptibles en termes d'impact sur le vécu quotidien des Congolais, notre interlocuteur explique que la démarche de l'Exécutif évolue par phases, comme l'a expliqué le Premier ministre dans sa réplique, et les effets de ces réalisations ne pourront se manifester que dans l'évolution du processus, puisque la tendance générale est à la stabilisation de la vie nationale.
" Il est facile de mobiliser l'opinion lorsque l'on table sur les sentiments des hommes, notamment en mettant en exergue leur misère tout en leur indiquant celui que l'on pense en être responsable ", explique un autre gros calibre de la famille politique du Chef de l'Etat qui ajoute : " entre la revue de la politique générale du Gouvernement et un discours politique empreint d'émotions, il y a bien un gap qui, si l'on n'y prend garde, risque de fausser les conclusions objectives. "
Sur l'enjeu même de la censure, l'on explique aussi que la majorité ne pouvait se comporter autrement qu'en s'obligeant à une solidarité autour du bilan qui est commun et qui doit se défendre comme tel. Agir autrement serait revenu à se faire hara-kiri tout en exposant dangereusement le chef de la Majorité, le Président de la République, dont émane le programme du Gouvernement à l'exécution duquel il assure le suivi. On rappelle, à ce sujet que dans ses différentes interventions, notamment ses discours sur l'état de la Nation, Joseph Kabila ne cesse de faire le constat des évolutions qu'engrange la RDC dans sa marche hors de la grave zone de crise.
L'ESTOCADE NE VIENDRA PAS DE L'OPPOSITION
Un autre interlocuteur de Forum des As fait savoir que, dans la configuration politique actuelle, si l'Exécutif et son chef devraient être sanctionnés, il serait plus indiqué, pour la Majorité, que cela soit de l'initiative de la famille politique. Que la sanction découle d'une initiative de l'opposition aurait des connotations politiques autrement plus graves sur les plans aussi bien national qu'international. "Concrètement, en arriver à une déchéance du Gouvernement avec le concours de la Majorité - puisque l'opposition ne saura jamais y parvenir seule - consacrerait un schisme entre la majorité parlementaire et celle de l'Exécutif (à double tête avec le Président et le Gouvernement). On se retrouverait alors dans un cas de figure pouvant nécessiter une cohabitation avec tous les risques que cela comporterait en termes d'instabilité des institutions. Et, à son stade actuel, la RDC ne peut pas se permettre un tel luxe politicien". Il n'empêche, cependant, qu'à l'occasion de cette épreuve, les gens se disent des vérités, conclut notre interlocuteur qui n'en dit pas plus. Il estime simplement que, comme les Congolais, la majorité devra saisir l'opportunité de la question orale avec débat adressée au Premier ministre pour faire une autocritique afin d'ajuster, pour l'avenir, les rapports internes, notamment dans le cadre de l'accompagnement de l'action gouvernementale.
C'est certainement pour cette raison que depuis hier jeudi, des consultations se tiennent à très haut niveau au sein de la Majorité. Elles doivent se poursuivre ce vendredi.
A ce stade, aucune indication n'est encore donnée sur le jour de l'examen, à l'Assemblée nationale, de la motion de censure qui, par ailleurs, n’est pas encore déposée. En milieu d'après-midi d'hier, il était rapporté que l'initiateur de la motion avait déjà collecté 102 signatures. Il ne lui restait que 23 pour totaliser les 125 signatures requises pour garantir la recevabilité de la motion de censure. Le bureau de la Chambre basse devra alors convoquer la plénière dans les 48 heures suivant la date du dépôt de la motion.
On rappelle qu'Adolphe Muzito n'en est pas à sa première motion visant sa qualité de Premier ministre. Fin 2009, en effet, le député Clément Kanku avait présenté une motion de défiance qui avait été rejetée pour faute de procédure à la suite d'une motion du député PPRD, Pius Muabilu.
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