Une foule en colère; composée du personnel national de la Mission d’observation des Nations Unies au Congo (Monuc), a fait hier mercredi 3 février Un sit-in au quartier général de la mission onusienne à Kinshasa pour exprimer son ras-le-bol sur le mauvais traitement salarial et autres injustices dont elle est son objet.
Les manifestants munis des écriteaux et des calicots sur lesquels étaient affichés certaines de leurs revendications et préoccupations, se sont fait entendre bruyamment au moyen des chants et sifflets, avec comme toile de fond, la régularisation de leur situation administrative par l’octroi des contrats de travail IC (individual contrat) après 10 ans sous le statut de journalier. Surtout qu’ils ne bénéficient pas des avantages sociaux. Ils exigent, en outres le départ de l’administrateur Amadou Camara, accusé d’être à la base de plusieurs disfonctionnements et autres discriminations à l’encontre du personnel congolais de la Monuc.
Une ambiance à la fois électrique et inhabituelle a donc régné à l’entrée principale du quartier général de la Monuc à Kinshasa. Les manifestants pour la plupart des journaliers ont extériorisé pacifiquement leur mécontentement, sous l’encadrement de la police de la Monuc mêlée aux éléments de la police nationale congolaise (PNC).
Un des manifestants s’exprimant sous l’anonymat à fustigé le manque de considération du personnel congolais de la part de l’instance dirigeante de la mission onusienne en RDC. « C’est un problème du staff national qui ne bénéficie pas du même traitement que le reste du personnel des Nations Unies. En fait, le grand problème concerne les journaliers. On a retenu des gens pendant plusieurs années. Il y en a même qui ont fait 10 ans de service. D’autres sont morts. Ils ont les premiers à parler du droit international, curieusement eux-mêmes ne l’appliquent pas ici en RDC, s’est-t-il indigné.
Apparemment très amère, notre source a soutenu que dans le système des Nations Unies, les journaliers n’existent plus. A la place, ils font signer un contrat IC (individual contrat) temporaire de 5 à 9 mois. Avec un traitement mensuel de 900 dollars américains. Mais que constate-t-on ici, on nous donne des miettes. Soit, 8 dollars américains par jour. Or ce salaire journalier n’existe pas ailleurs dans le monde. Ce que nous revendiquons, que l’on régularise notre situation. Que l’on nous donne des contrats IC (individual contrat) », a fait savoir notre interlocuteur.
Une indemnité de sortie dérisoire parmi d’autres raisons de la manifestation d’hier, il y a surtout le licenciement du personnel congolais de la Monuc moyennant une indemnité de sortie très dérisoire, frisant même l’humiliation, le manque d’égard pour des personnes ayant presté pendant plusieurs jours. L’inquiétude était grande d’autant plus que deux sites déjà des services de la Monuc ont fermé, notamment le site de CHANIMETAL et celui de l’AGETRAF. D’autres vont suivre dans le cadre du dégraissage prévu avant la fin du mandat de la mission onusienne en RDC.
Le désespoir de ces pères de famille bientôt au chômage était visible. Sur l’un des écriteaux on pouvait lire: « La Monuc la cause de la misère des congolais. 150 $ après 10 ans de travail, Mr Amadou Camara votre départ.
Dans l’entre temps, en utilisant la politique de partager pour mieux diriger, laisse-t-on entendre, la Monuc propose à quelques personnes des contrats de 300 dollars par mois. « Ca nous le refusons », a réagi énergiquement un manifestant.
A en croire notre source, les négociations sont en cours entre la partie employé et la partie employeur. Seulement, la durée qu’elles prennent n’inspire pas confiance. « Ces négociations ont commencé il y a déjà deux ans, sans aucune solution adéquate », a lancé un manifestant.
Effectivement, ce n’est pas pour la première fois que les journaliers de la Monuc lèvent le ton pour demander le changement de leur statut. Au début de l’année 2009, une manifestation similaire a eu lieu. Dommage que plusieurs manifestants n’avaient pas eu gain de cause. Certains ont même été renvoyés sans gagner grand-chose.
Qu’est que le ministère du Travail, voire le gouvernement, fait pour protéger les Congolais? La réponse, c’est la déception. Au point de se demander si le gouvernement n’est pas complice de la misère de ces compatriotes. Son silence, mieux son mutisme est plus que révélateur.
Ce qui est reversant, à la Monuc comme ailleurs chez les autres employeurs étrangers des Congolais, le refrain est quasiment le même, le problème de salaire ne nous regarde pas. Il faut voir votre gouvernement. Allez y comprendre quelque chose.
Pire, saisi par cette situation, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies (RSSG), Alan Doss estime que la grève des journaliers congolais est inopportune. Sous prétexte que la Monuc assiste le gouvernement congolais dans l’exécution d’opérations militaires délicates pour la restauration de la paix. Et que les revendications des manifestants ne dépendent pas du ressort de la Monuc. Ce qui revient à dire que ces compatriotes n’ont pas droit à la vie. Dans tout cela que dit le bureau de droits de l’homme de la Monuc sur ce dossier ?
Ci-après la correspondance du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies demandant d’asseoir la grève du personnel national de la Monuc.