24 mars 1969-24 mars 2010. Il y a 41 ans que le premier président la République démocratique du Congo, RDC, (30 juin 1960-23 novembre1965) quittait la terre des hommes. A l’approche du cinquantenaire de l’indépendance de la RDC, le devoir de mémoire, l’obligation morale et le devoir patriotique ne peuvent que nous amener à rétablir la vérité afin de redonner, dans l’histoire de ce pays, sa place à cet homme qu’on a jeté dans les oubliettes. Ce, dès le coup d’Etat perpétré le 24 novembre 1965 par Joseph-Désiré Mobutu jusqu’à ce jour. Sa timide réhabilitation par l’érection, à Kinshasa, d’une stèle en sa mémoire ne serait que, selon certains analystes, de la poudre aux yeux de ceux qui croient aux vertus cardinales de Kasa-Vubu.
Qui était réellement Joseph Kasa-Vubu pour que l’on traite de la manière que l’on sait ? Un citoyen pratiquement ordinaire, devenu président de la République, qui n’a rien fait pour son pays et le peuple congolais. Beaucoup de compatriotes, surtout les jeunes, ignorent l’histoire de cet homme d’Etat au sens aigu de responsabilités. Joseph Kasa-Vubu n’était pas un assoiffé de pouvoir. C’était un homme d’Etat, au sens plein du terme. Pour des raisons d’ordre politique, on a voulu délibérément l’effacer de l’histoire en falsifiant celle-ci. On l’accuse de tous les noms d’amorphe, d’incompétent et autres. Alors que tous ces qualificatifs sont l’œuvre de ses détracteurs. Pourtant, il a démontré, au travers de sa vie, les valeurs (opiniâtreté, rigueur dans la gestion de la chose publique, simplicité, honnêteté…) de l’homme, du père, du président, et d’un pays qu’est la République démocratique du Congo.
KASA-VUBU : NATIONALISTE ET SAPEUR-POMPIER
Le président Joseph Kasa-Vubu, a été l’exemple même de l’intégrité politique et humaine. Il est le symbole de la lutte contre l’immoralité. Il est connu comme un homme intègre, qui ramenait l’argent de l’Etat après un séjour à l’étranger et de justifiait devant l’Assemblée nationale chacune de ses dépenses. Il faut le faire ! En outre, Joseph Kasa-Vubu était toujours présent là où le besoin se faisait sentir. On lui dénie le fait d’être nationaliste. Mais c’est mal connaître le premier président de la République. Pour ne donner que cet exemple : avant l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, il a exigé la présence de Patrice-Emery Lumumba à la Table ronde de Bruxelles, alors que ce dernier était en prison à Jadothville, actuellement Likasi, dans la province du Katanga. Il convient de faire remarquer que Kasa-Vubu n’était pas tribaliste. Il a travaillé avec tout le monde. Même son aide de camp, le général Nyamakoso, n’était ni Muyombe comme le président ni de la province du Bas-Congo.
Même avant l’indépendance, il se présentait en sapeur-pompier à travers la RDC pour étendre les brasiers allumés souvent par les hommes politiques. Il a été, par exemple, au Kivu pour essayer de régler le différend Hema-Lendu ; au Kasaï, il a apaisé les esprits des Luba et des Lulua ; au Katanga et au Bandundu pour la même démarche. Et la population qui l’accueillait l’acclamait par le vocable «roi». Il était souvent consulté pour ses sages conseils.
Son héritage est souvent occulté au profit d’autres hommes politiques de l’époque.
En tout cas, le 24 novembre 1965 est la date du début des malheurs du peuple congolais. Il est donc temps d’enseigner à nos enfants la vraie histoire de notre pays et de ses dirigeants. Un hommage mérité devra être rendu à Joseph Kasa-Vubu qui a contribué de façon décisive à l’indépendance du Congo.
KASA-VUBU : UN MODELE, LA VOIE OBLIGEE PAR LAQUELLE UNE NATION SE CONSTRUIT
Ci-dessous, un bon témoignage sur Joseph Kasa-Vubu contenu dans le message de l’Association des Anciens élèves des pères de Scheut (Adapes) dont le premier président de la République fut le premier secrétaire général en 1946. C’était à l’occasion du 45ème anniversaire de l’indépendance du pays le 30 juin 2005.
«Au moment où la RDC entre dans la 45ème année depuis son accession à l’indépendance le 30 juin 1960, il nous est un devoir impérieux de raviver le souvenir d’un grand Adapessien dont le destin se confond avec celui du Congo indépendant et qui marquera l’histoire nationale en tant que héros de l’indépendance, d’abord et premier président de la RDC, ensuite. En évoquant la mémoire de celui qui fut le tout premier secrétaire général de l’Adapes, notre esprit tressaillit à la pensée que cet immense homme d’Etat, ce géant de la lutte pour l’indépendance soit justement le président Kasa-Vubu, un modèle d’Adapessien possédant une vaste culture classique, un jugement sûr et un sens patriotique élevé.
Parler de lui en cet instant où la RDC entame une étape cruciale de son histoire, c’est fixer les générations futures, en prenant le président Kasa-Vubu pour modèle, la voie obligée par laquelle une nation se construit. Un peuple se découvre à lui-même à travers des archétypes qui les façonnent à leur image et marquent l’avancée vers la maîtrise de son destin.
En effet, le président Kava-Vubu était un homme qui abhorrait l’outrance et le discours enflammé très prisé à l’époque des indépendances. Très équilibré intellectuellement par sa modération et son esprit logique. C’est un homme d’Etat qui appréhendait la dimension morale de la politique et refusait les compromissions dégradantes auxquelles le pouvoir conduit parfois ceux qui ne voient dans l’autorité qu’une occasion de puissance et d’enrichissement rapide.
Il était un homme de dialogue et de tolérance dont la présence, aujourd’hui, aurait comblé les esprits épris de paix, de concorde nationale et de dialogue démocratique. Voilà, au nom de la confédération des Associations des anciens élèves des pères de Scheut, l’hommage que nous rendons à l’un des nôtres que histoire universelle a déjà consacré dans sa réelle dimension humaine, politique et culturelle».