Le sergent Innocent Mamale (en T-shirt orange), après sa condamnation par le tribunal militaire de Bunia. |
BUNIA,, le 31 octobre (IRIN) - Un tribunal militaire du district de l'Ituri (nord-est) de la République démocratique du Congo (RDC) a condamné à mort mardi le soldat responsable de l'assassinat de deux agents de la Commission électorale indépendante (CEI).
Le sergent Innocent Mamale avait ouvert le feu et tué deux agents du bureau de liaison de la CEI à Fataki, une localité située à 90 kilomètres de Bunia, la principale ville de l'Ituri.
« En outre, il [Mamale] devra verser à chaque famille des victimes, et au titre des dommages et intérêts, l'équivalent en franc congolais de 30 000 dollars américains », a déclaré le Major Innocent Mayembe, Président du tribunal militaire.
Le tribunal a également condamné Mamale à trois années d'emprisonnement pour abandon de poste et à payer une amende de 15 000 francs congolais.
Le sergent Mamale avait ouvert le feu sur cinq agents du bureau de la CEI à Fataki.
« Il m'a semblé que quelqu'un sortait du bureau de vote alors j'ai ouvert le feu », a déclaré le sergent Mamale devant la Cour. « Je ne sais pas ce qui m'est arrivé, mais c'est la première fois de ma vie& »
Selon d'autres sources, huit autres agents ont été blesses au cours de cet incident.
Les agents tués habitaient Fataki. Une des victimes était originaire d'une région contrôlée par les miliciens de Peter Karim, l'ancien leader du Front des Nationalistes Intégrationnistes (FNI) nommé récemment colonel dans l'armée régulière de la RDC.
Pour venger les victimes, la population a saccagé et brûlé les centres de vote de Fataki.
« Trente sept bureaux sur les 85 bureaux de votes installés à Fataki ont été saccagés », a affirmé John Ukunya, le chef du bureau de la CEI à Bunia.
Selon le député Bura Pulunyo du Territoire de Djugu, une demande a été adressée à la CEI pour reprendre les votes à Fataki. Cependant, la CEI, qui est le seul organe habilité à se prononcer sur cette éventualité, n'a pas encore donné suite à cette requête.
Après le vote de dimanche dernier, le décompte des voix se poursuit.
L'organisation des élections en Ituri représentait un défi particulier pour le gouvernement étant donné que la région est considérée comme une zone militaire active depuis 1999.
Avec une superficie de 65 000 kilomètres carrés, le district a compté à une époque jusqu'à sept chefs de milices, dont Thomas Lubanga, le leader de l'Union des patriotes congolais, arrêté par la Cour internationale de justice de la Haye, aux Pays-Bas, et Kahwa Panga Mandro du Parti pour l'Unité et la Sauvegarde de l'Intégrité congolaise, emprisonné à Bunia.
Selon les estimations de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc), du Fonds des Nations unis pour l'enfance (Unicef) et des milices, au moins 15 000 miliciens ont été désarmés en RDC depuis avril 2004.
En juin dernier, malgré la présence de milices dans la région et à un mois du premier tour de l'élection présidentielle, le gouvernement a nommé le général Mbuayama Nsiona commandant de la région de l'Ituri avec pour mission de sécuriser le district avant les élections. Six brigades militaires ont également été déployées pour cette mission.
Et pourtant le FNI, la milice de Karim, est toujours active dans la région de Nioka, à 120 kilomètres au nord-est de Bunia, ainsi que celles de Matthieu Ngujolo, le leader des Mouvements Révolutionnaires congolais et de Cobra Matata, chef de file des Fronts des Résistants Patriotiques en Ituri.