Les statistiques officielles de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), montrent qu’environ 1000 personnes meurent aujourd’hui en République démocratique du Congo (RDC) des causes indirectes du conflit qui a sévi le pays à partir de 1999. En Ituri notamment, cela est encore très visible, et la situation sanitaire grave du District en est un signe des plus visibles.
Dans cette perspective, le bilan pour l’année 2006 est très illustratif. En effet, selon les statistiques officielles fournis par le Bureau régional de l’OMS, l’Ituri a été frappé par:
* 21 épidémies de cholera qui ont frappé les Territoires de Djugu et d’Aru, notamment les localités de Bunia, Gety, Tchomia et Drodro et d’Aru et Ariwara respectivement. Ces épidémies de cholera auraient fait au total 117 victimes.
* Une épidémie de peste bubonique qui aurait touché les Districts de Djugu ( Rethy, Linga et Fataki) et le District d’Aru et provoqué 48 décès.
* Une épidémie de peste pulmonaire, qui propagée à partir de l’épidémie de peste buboniques aurait touché un territoire plus vaste comprenant d’autre centres importants comme Kwandroma, et qui aurait causé 29 décès.
* Une épidémie de coqueluche, qui en touchant le District de Djugu, aurait provoqué 168 décès. Ce chiffre est par ailleurs mis en doute par les responsables de l’OMS eux-mêmes car le taux de létalité (qui est le résultat entre le nombre de décès et le nombre des cas) ne serait pas compatible dans ce cas avec ce chiffre surtout si l’on considère que l’épidémie aurait duré après la campagne de vaccination menée par UNICEF.
Ainsi, on a un total de 362 décès dus aux épidémies en Ituri pour l’année 2006. Par ailleurs, ce chiffre ne tient compte que des cas enregistrés dans les structures de santé.
En dehors de ce bilan annuel, il faut aussi enregistrer une épidémie de méningite qui, toujours active dans le Territoire d’Aru, aurait affecté 470 personnes jusqu’aujourd’hui et provoqué le décès de 55. Pour faire face à cette dernière épidémie, le 15 février plus de 111.000 doses des vaccins commandés en Suisse par le bureau de l’OMS sont arrivées dans la zone de santé d’Adi, localité située à environ 90 kms de la ville d’Aru. Ainsi, la vaccination a été réalisée entre le 23 février et le 2 mars 2007.
Les principales raisons liées à ces explosions épidémiques sont au nombre de trois: 1) Conditions d’hygiènes précaires; 2) déplacement de population, et surpopulation; 3) l’existence des foyers endémiques pour certaines maladies comme la peste et le cholera
Il faut aussi mettre en évidence le rôle joué par les différentes ONG coordonnées sur place par le bureau de l’OMS. Sans leur apport et leur présence, les taux de mortalité seraient nettement supérieurs. Dans les cas des épidémies de cholera de Bunia et Tchomia, le taux de mortalité a pu être maintenu très bas grâce à l’efficacité de l’action des opérateurs humanitaires sur place.
En fin, il est important de rappeler le rôle des autorités locales, qui sont les premières responsables des actions de prévention et de contrôle: cette situation demande de leur part une action responsable à tous les niveaux, sans laquelle les efforts de la Communauté internationale et de la MONUC risquent de ne pas avoir les résultats escomptés.
Selon le responsable régionale de l’OMS Ituri, Docteur Eustace Kyroussis, il est aussi important d’informer la population sur l’évolution de l’épidémie et des interventions pour la combattre, et de mettre en évidence lorsque cette dernière est terminée. Cela devrait augmenter la confiance des communautés et encourager les opérateurs sanitaires.