Pour les Belges « l'orgueil de Kabila qui pose problème » en ajoutant que c'est « un orgueil qui précéderait la chute ». Et enfin concluent-ils « On peut espérer que cette chute ne se fera plus attendre ».
L'histoire va-t-elle se répéter ? Tout dépendra de l'attitude des Congolais. Hier, lorsque Patrice Lumumba s'est lancé dans la lutte pour l'indépendance économique, certains Congolais estimaient qu'il en faisait un peu trop. On estimait que les Belges pour avoir construit quelques hôpitaux et des écoles dans un pays qu'ils auraient trouvé en état sauvage, ne méritaient pas qu'on leur arrachât le bifteck à la bouche.
Joseph Kabila et Yang Jiechi, Ministre Chinois des Affaires Étrangères
Conséquence, certains Congolais faisant le jeu des tueurs se sont contentés d'hériter sur fond de trahison le pouvoir de Lumumba. Conséquence, plus de 45 ans après l'indépendance, on est encore à la recherche du minimum vital. Et pourtant, après avoir éliminé Lumumba, les Belges avaient installé au Congo leur homme.
Plus de trente années de coopération avec les institutions financières internationales dans lesquelles des années où le Congo était l'un de meilleurs élèves du Fmi, on s'est retrouvé à la Conférence nationale pour parler de la misère du peuple. Et la Belgique s'est curieusement mise du côté des opposants afin que Mobutu porte seul la croix du péché original. Encore une fois, les Congolais ont vu en Bruxelles le sauveur, mieux le sapeur-pompier.
En 1990, la Belgique est tout feu tout flamme dans le dossier congolais. C'est elle qui est en avant-plan de la campagne pour l'arrêt de la coopération avec le Congo pour un massacre qui n'a été qu'un faux prétexte. Pendant la période qui a suivi, la misère des Congolais s'est accrue.
L'aide de la Belgique semble s'être limitée à faire tomber Mobutu. Sept ans de tergiversation. En 1997, quand M'Zée LD Kabita arrive et fait que le peuple congolais se mette à rêver, la Belgique se manifeste dans le camp des anti-Mzée Kabila. Personne n'a encore demandé pardon pour l'assassinat de Mzée Kabila.
Pour Lumumba, on avait attendu plus de trois décennies pour entendre le mea culpa de la Belgique. Pour justifier son ingérence dans les affaires du Congo à l'époque de Lumumba, la Belgique faisait valoir son « ?uvre civilisatrice » que Lumumba voulait donner aux Russes.
Mais comme ce discours n'était pas soutenable au plan moral ; on a trouvé contre Lumumba d'autres chefs d'accusation dont la dictature, les massacres des baluba... Pour vouer M'Zée LD Kabila aux gémonies, la Belgique et ses semblables l'ont accusé d'avoir les yeux tournés vers la Chine et Cuba.
Comment faire comprendre au monde libre que c'est un péché pour un pays souverain de choisir ses partenaires selon ses intérêts ? Usant d'arguments trompe-l'?il, on accusera M'Zée de massacre des Hutu rwandais. Finalement, le schéma de 1960 est mis en branle avec des rébellions partout, menaçant le pays de la balkanisation. Le cafouillage était réussi pour assassiner M'Zée exactement comme ce fut le cas pour Lumumba en 1961.
Joachim Diana/L'Avenir