Partageant plus de deux mille kilomètres des frontières avec le voisin du Sud-Ouest, la RDC a toujours souffert des incursions de l’armée régulière angolaise sous n’importe quel prétexte. Tantôt, pour pourchasser des éléments des mouvements de résistance du FLEC-FLAC revendiquant l’indépendance de l’Enclave de Cabinda, tantôt, pour des missions punitives contre des bandes des voyous accusés d’avoir commis des vols en Angola et qui se seraient réfugiés en RDC. Ces diverses incursions s’accompagnent toujours des actes de violence gratuite perpétrés sur les populations locales civiles non armées, notamment des destructions méchantes des villages, des exécutions sommaires ou des tortures inhumaines de tous ceux qui auraient été accusés d’avoir hébergé ou complices des éléments du FLEC-FLAC, des confiscations des biens meubles des villageois, etc. On dénombre même des victimes parmi les autorités administratives locales ayant tenté d’opposer une résistance à ces assaillants.
En effet, il ne se passe pas un trimestre sans que l’on assiste à des incursions de l’armée angolaise sur le territoire congolais. La localité de Tshela qui charrie une page importante de l’histoire de ce pays pour avoir vu naitre le tout premier chef de l’Etat feu Joseph KASAVUBU a été occupée pendant plus d’une semaine par des troupes de l’armée angolaise pourchassant des éléments des mouvements FLEC-FLAC. Avant de se retirer calmement comme si de rien n’était. On rappelle l’épisode tragi-comique du conflit des bornes frontalières dans le territoire de Kahemba qui a été au cœur des débats fort passionnés à la chambre basse et qui se sont clôturés en eau de boudin sans que l’on sache exactement le véritable emplacement de ces bornes des frontières. On ne compte plus des expulsions des ressortissants congolais dans des conditions infrahumaines, notamment des tueries, des viols massifs, des confiscations des biens meubles. Et comme à l’accoutumé, les autorités politiques, administratives, judiciaires et sécuritaires se terrent toujours dans un mutisme complice. Aucune protestation officielle, notamment le rappel de notre ambassadeur accrédité à Luanda, aucun acte de réciprocité sur des sujets angolais résidant irrégulièrement en RDC pour rappeler aux autorités angolaises que cela n’arrive pas qu’aux Congolais.
Ces incursions dans la localité de Tampa devraient en principe interpeller Kinshasa pour prendre le devant en menant des enquêtes pour identifier les propriétaires de ces champs de chanvre. Avant de procéder publiquement à leur destruction pour que cela ne se répète plus jamais. La lutte contre le trafic des stupéfiants, notamment la drogue et surtout le chanvre, rentre dans le cadre de la guerre implacable contre le terrorisme international. Cela va de la traque des trafiquants jusqu’au contrôle rigoureux des comptes bancaires pour dénicher les mouvements des narcodollars.
C’est probablement parce que les autorités de Kinshasa sont occupées à autre chose qu’à l’essentiel que les Angolais qui connaissent les conséquences néfastes de ce trafic des stupéfiants sur la jeunesse et les éléments des mouvements armés irréguliers qu’ils sont venus faire le ménage sur notre territoire. Une façon de rappeler à Kinshasa le principe cher de la guerre préventive pour se prémunir contre une éventuelle menace.
En clair, les Angolais sont venus administrer aux autorités de Kinshasa une leçon de bonne gouvernance, de gestion de la chose publique et particulièrement de la sécurité des personnes et leurs biens. Faut-il en rire ou en pleurer ? Les deux à la fois, car il est inconcevable que des éléments d’une armée étrangère viennent détruire des champs de chanvre sur le territoire national sans que cela ne réveille les autorités du pays. C’est triste.