Le gouvernement congolais a mis en pratique la politique de réciprocité. L’expulsion des Angolais a pris l’ampleur dans la province du Bas-Congo. A Moanda, les instructeurs angolais réagissant au jet de pierre des Congolais, ont fait usage de leurs armes. Les dirigeants angolais se trompaient en pensant que la Rdc ne réagira pas et que les Angolais ne seraient pas aussi en Rdc en situation irrégulière.
Le gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta avait rappelé aux Kinois que Brazzaville n’est pas un quartier de Kinshasa. Cette recommandation vaut pour tous les Congolais qui sont tentés par l’aventure dans n’importe quel autre pays du continent, particulièrement les pays limitrophes. Ces propos ont été repris et expliqués par le ministre de la Communication et des Médias, Mende Omalanga.
En effet, qui veut aller dans un pays étranger doit se conformer aux lois du pays d’accueil et remplir les formalités de résidence. Qui ne le fait pas se trouve en situation irrégulière. Et le pays d’accueil a le droit d’user de sa souveraineté pour expulser les irréguliers. Le gouvernement congolais est conscient de cette réalité et se trouve désarmé devant ces vagues d’expulsion des Congolais en situation irrégulière à Brazzaville ou en Angola.
Cependant, le ministre de la Communication et des Médias l’avait clairement dit, le gouvernement est très préoccupé par la manière de ces expulsions des Congolais dans des pays limitrophes. Il est du droit d’un pays de réglementer les migrations à l’intérieur de ses frontières, mais tous les pays sont soumis aux prescrits internationaux en matière d’expulsion d’étrangers.
En termes clairs, le fait pour les Congolais de se trouver en situation irrégulière dans des pays étrangers ne fait pas d’eux des sous-hommes, des hommes sans droits. Le gouvernement congolais ne demande pas mieux que les droits des Congolais soient respectés. Tel n’est pas le cas. Beaucoup de Congolais avant d’être expulsés sont dépouillés de tous leurs biens, battus et même violées, en ce qui concerne les femmes.
Silence radio dans la communauté internationale
Toutes ces exactions n’ont rien à voir avec le fait d’être en situation irrégulière. La presse, les Ong et même les autorités congolaises ont dénoncé ces faits. Malheureusement, les autorités de Luanda se refugient dans un silence arrogant et même insultant.
L’Angola semble faire comprendre aux Congolais que leur prospérité relative n’est pas à partager. Que restait-il au gouvernement congolais de faire ? Peut-être exercer son droit de réciprocité. Car, tel que les Congolais sont traqués dans les pays voisins on a l’impression que les citoyens de ces pays n’émigrent pas vers la Rdc. On peut ne pas remonter jusqu’au déluge pour faire remarquer que la Rdc a été pendant longtemps la terre d’asile des Angolais fouillant le colonialisme portugais et les différentes guerres civiles qui ont ravagé ce pays.
Aujourd’hui encore, la communauté angolaise en Rdc est la plus importante de tous les pays de la région. Ces Angolais n’ont jamais été inquiétés ? Beaucoup ont même, sans formalités, obtenu la nationalité congolaise. Il en existe de plusieurs générations à tel point que beaucoup se prennent pour des Congolais. Lorsqu’il a été question la semaine dernière de mettre de l’ordre en Rdc en demandant aux Angolais de renter chez eux, cela a provoqué un tollé général à Kinshasa. Les premiers à protester c’était des Congolais. Car, estime-t-on, il ne peut être question de chasser des Africains sur la terre africaine.
Le gouvernement congolais à travers la Dgm, a reculé. On ne parle plus d’expulsion d’Angolais à Kinshasa. Mais jusque quand cela durera-t-il ? C’était le même scénario lorsqu’il fallait réagir, dans le cadre de la réciprocité, contre les expulsions des Congolais à Brazzaville. Tout de suite un moratoire a été signé. On a même à ce sujet l’impression qu’il ne s’agit, dans le cadre de ce moratoire, que de demander aux Congolais en situation irrégulière à Brazzaville des se mettre en règle ou de plier bagages. Qu’en est-il des Congolais de Brazzaville en situation irrégulière dans les villes congolaises ?
D’une mesure administrative à un lynchage populaire
En Angola, les expulsions ont pris les allures d’une vraie provocation. Les dirigeants angolais, selon nos sources, ont demandé aux populations angolaises où qu’elles se trouvent de s’occuper des Congolais, de les expulser. Ce qui était une action administrative s’est transformé en un lynchage populaire. Cela explique la fuite massive des Congolais qui reviennent au pays en plusieurs centaines des milliers.
Devant ces actes d’atteinte à la dignité d’homme, la communauté internationale se tait. Il suffirait que la Rdc use des méthodes semblables pour expulser les voisins, le monde entier se mobiliserait pour crier haro sur le baudet. Là où les dirigeants angolais se trompent, c’est de croire que la Rdc serait le ventre mou de la région à telle point qu’elle ne pourrait inquiéter les nombreux ressortissants angolais vivant dans diverses villes congolaises, particulièrement à Kinshasa et dans le Bas-Congo. Les dirigeants angolais se trompent également en croyant que les Angolais n’auraient rien à faire en Rdc et qu’ils pourraient s’en passer.
Enfin, les dirigeants angolais ont tort de croire que l’histoire récente de ces deux pays lierait la Rdc vis-à-vis de l’Angola. Ainsi donc, pour Kinshasa, le bol était trop plein. Car, en sortant les expulsions de leur cadre administratif, pour en faire un lynchage populaire, les dirigeants angolais ont dépassé les bornes. S’ils voulaient provoquer les Congolais, ils ont réussi. Car, ce qui est arrivé à Moanda pourra se produire à ailleurs. Si à Moanda les soldats angolais ont eu recours aux armes, ailleurs, les populations angolaises qui pourraient être prises à parti par les populations congolaises en colère, n’auront pas d’armes pour se défendre. Qui avait besoin de tout cela ?
A Moanda les armes ont parlé
En effet, il nous revient que la ville côtière de Moanda dans la province du Bas-Congo a vécu une situation particulière hier mardi. Dépassé par la violence avec laquelle les Congolais sont expulsés d’Angola, la population de Moanda s’est mise à huer sur les instructeurs angolais à la base militaire congolaise de Kitona.
Les instructeurs angolais ont eu recours aux armes pour répondre, semble-t-il aux insultes et au jet des pierres par la foule venue assister à l’expulsion des Angolais établis à Moanda. Il y a eu des victimes. Le bilan de cette fusillade n’est pas connu. La même source signale que les soldats angolais à la gâchette facile avaient croisé la foule des Congolais en route vers la cité de Moanda où ils vont régulièrement pour s’approvisionner.
Rappelons que l’opération d’expulsion des Angolais de la Rdc a commencé dans la province du Bas-Congo. Il faut faire remarquer que du côté congolais, tout se passe dans les règles et le respect de la dignité humaine. A Matadi des hommes d’affaires angolais dont le président et le vice-président de la communauté angolaise de la Rdc sont tombés dans les filets de la police. Leurs biens, apprend-on de bonne source sont sécurisés. A Moanda l’opération d’expulsion des Angolais avait commencé lundi. Elle est loin de se terminer. Il faut craindre, avec ce qui est arrivé à Maonda que la protestation contre les manières fortes utilisées par la police angolaise dans l’expulsion des Congolais conduise à des règlements des comptes. A Moanda, lorsque les soldats angolais ont fait recours à leurs armes, la police congolaise est intervenue pour rétablir l’ordre. Autrement, on allait s’attendre au pire dans cette région où le langage des armes semble être le mieux compris et le plus à la portée de tous.
Des maisons des Angolais saccagées à Moanda
En dépit de cela, on n’a pas pu retenir certains habitants de Moanda qui, selon nos sources, ont mis à sac une vingtaine des résidences des ressortissants angolais de la tribu Assolongo. Ont été touchés les quartiers Kinsaku et Réfugiés. Les Assolongo sont des citoyens qui avaient choisi le territoire congolais pour se préserver de la guerre qui faisait rage dans leur pays. Malgré la fin de la guerre dans leur pays, ils ont choisi de rester en Rdc. Ils auraient fait du Congo leur seconde patrie si les dirigeants angolais n’en avaient pas décidé autrement. Vivant au Congo depuis des dizaines d’années, ils ne rentrent pas en Angola de gaieté de cœur. Pour la première journée dans la ville côtière de Moanda, on parle de 500 Angolais qui attendaient de rentrer dans leur pays.
Les expulsions s’étant généralisées, la seule province du Bas-Congo pourra connaitre davantage d’expulsés. A Boma si on ne précise pas le nombre, on signale qu’une première vague d’Angolais a quitté cette ville. Le territoire de Songololo a rapatrié la seule journée de lundi près de 2000 Angolais. Kimpese, Kimvula, Kwuilu-Ngongo et surtout Mbanza-Ngungu sont touchés. Les autorités congolaises informent l’opinion que non seulement les expulsions se font dans le respect de la dignité, mais aussi elles ne concernent que des Angolais en situation irrégulière.
L’arroseur arrosé ?
Les Africains expulsent souvent les voisins la veille des élections. L’Angola attend des élections présidentielles. Certains Congolais accusés de soutenir les opposants angolais étaient devenus indésirables. En les expulsant, le régime angolais s’assure qu’ils ne donneront pas la victoire à l’opposition. Mais, en poussant les dirigeants congolais à la réciprocité, les dirigeants angolais se trouvent dans la situation d’arroseur arrosé. Car, ils se sont débarrassés des Congolais mais, ils sont obligés d’accueillir des Angolais qui, jusque-là, vivant en Rdc, étaient écartés de la vie politique. Ils peuvent constituer un vrai cheval de Troie pour le régime Mpla. Comme quoi, chaque médaille a toujours deux faces.
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