C'est mal reparti pour le mois de septembre 2008. Le front social demeure agité. Bien plus, le gouvernement est placé devant ses responsabilités. Alors que la grève des médecins continue à courir nonobstant «l'accord partiel » qui serait intervenu entre le gouvernement et les syndicats des médecins, la grève n'a pas été levée.
En plus, la rentrée scolaire qui devrait intervenir hier lundi 1er septembre n'a pas eu lieu. Les enseignants ont mis à exécution leur mot d'ordre : celui de ne pas reprendre les cours s'ils n'obtenaient pas gain de leurs revendications.
Désillusion pour le gouvernement. Malgré toutes les assurances de la reprise effective des cours dans le secteur de l'Enseignement primaire, secondaire, professionnel, EPSP, la rentrée scolaire n'a pas eu lieu. Les quelques parents qui ont accompagné leurs enfants, et autres écoliers qui se sont rendus à l'école, ont vite fait de rebrousser chemin, les enseignants étant absents. Il n'y a pas eu des retrouvailles qui caractérisent chaque rentrée scolaire. Bien plus, aucune disposition n'a été prise pour que cette rentrée scolaire ait lieu. Raté. Nous consacrons d'ailleurs un reportage sur cette rentrée scolaire en pages 10 et 15.
Et pourtant, le Gouvernement a été catégorique. Dans sa dernière réunion du Conseil des ministres, il avait « pris acte » de la rentrée scolaire le 1er septembre. Mieux, des actions de séduction ont été menées et déployées pour convaincre les enseignants à être présents à leur poste.
Ainsi, contrairement aux dispositions sociales et légales qui régissent notre pays, le gouvernement s'est permis de les «violer » en autorisant que la «paie » des enseignants s'effectue la nuit. A en croire des sources concordantes, l'argent a été retiré de la banque dans la nuit de samedi à dimanche, aux petites heures, pour que la paie ait lieu dimanche. Ce qui a été observé dans plusieurs établissements scolaires jusque dimanche tard dans la nuit.
Malgré ce geste de séduction, les enseignants sont demeurés imperturbables : ils n'ont pas repris les cours. Bien plus, les syndicats des enseignants, SYECO et SYNECAT, sont montés au créneau, accusant le gouvernement « de corrompre les enseignants ». Certainement pour les diviser. Ensuite, le message télévisé du ministre de l'EPSP n'a pas été convaincant. Conscient de l'intransigeance des enseignants, il a préféré s'adresser directement « aux écoliers ». Signe avant-coureur de l'absence d'un compromis.
LE DECOR EST PLANTE
Il ne fallait pas se faire des illusions. L'Etat est placé devant ses responsabilités. En effet, le décor était déjà planté depuis le vendredi 29 août dernier lors de la réunion du « Cadre permanent du Dialogue social », structure mise dernièrement en place pour se pencher sur les cas sociaux, particulièrement ceux relevant des conflits de travail.
Dès lors que les questions d'actualité ont été posées, la délégation du Gouvernement a préféré quitter la table des négociations, poussant d'autres partenaires sociaux à quitter également la salle. Une situation susceptible de faire monter la tension sociale d'un cran. Ce qui n'est pas à écarter dans la mesure où Kibiswa, du Syndicat du personnel des services publics, a annoncé la levée de la suspension de la grève dans ce secteur. Il ne serait donc pas surprenant de voir les travailleurs de ce secteur emboîter le pas aux enseignants et aux médecins.
Restons encore dans ce domaine du « Cadre permanent du Dialogue social » pour relever que cette situation était prévisible. De nombreux observateurs avaient déjà relevé que plusieurs personnes n'ont pas une idée exacte du « Dialogue social » tel recommandé par l'Organisation internationale du travail, OIT, à tous les pays membres de cette organisation. Lui confier le rôle d'un « tribunal » ou d'un « ministère », avec 56 membres, serait la détourner de ses fonctions fondamentales d'organe de « conception des politiques nationales » de l'Emploi, de la Sécurité sociale, des salaires, et nous en passons. Le blocage survenu au cours des discussions se situe certainement au niveau de la perception de cette structure si par aventure en lui confiait le « rôle d'un tribunal » plutôt que d'un « Laboratoire ou d'un Conseil ». La délégation du gouvernement s'est donc rendue compte qu'elle allait être prise dans son propre piège pour une interprétation politicienne de la nature de cette structure.
D'autre part, la situation des Enseignants, des Médecins, des Fonctionnaires et Agents de l'Etat est connue du gouvernement depuis des mois. Pourquoi n'avait-elle pas été examinée, dans un environnement serein soutenu par un langage franc et sincère pour éviter des ratés dès le premier jour de la rentrée scolaire ?
La politique des « petits pas », de « saupoudrage » a toujours été un couteau à double tranchant. Si par aventure politique, l'on n'est pas capable de récupérer la situation à temps, elle pourrait s'avérer explosive. Car outre le secteur de l'Administration publique, le secteur privé est également en ébullition pour non application du SMIG. Dans ce cas d'espèce, cette décision devrait entrer en vigueur depuis la fin du mois de juillet. De nombreuses entreprises ne se sont pas encore exécutées. Ceci dit, au gouvernement d'assumer ses responsabilités pour parvenir rapidement à un compromis. De faire un bon choix de décisions. Maintenant, avant la rentrée parlementaire consacrée à la session budgétaire pour l'exercice 2009.