Elèves et enseignants ont repris le chemin de l’école hier lundi 6 septembre 2010, date fixée par le gouvernement pour le démarrage de l’année scolaire 2010-2011. L’innovation de cette rentrée des classes réside dans la décision du Chef de l’Etat, prise récemment à Kananga en marge de sa tournée dans les deux Kasaï et le Bandundu, décrétant l’application de la disposition constitutionnelle relative à la gratuité de l’enseignement dans le secteur public. Le président de la République a ciblé, dans un premier temps, les trois premières années du primaire, dans 8 provinces. Kinshasa, le Katanga et le Bas-Congo sont pour l’instant exclus.
Plusieurs obstacles se dressent sur le chemin du gouvernement pour la matérialisation de la volonté présidentielle : la modicité du budget alloué à l’EPSP, les charges excessives de fonctionnement des écoles, les conditions modestes de vie de l’écrasante majorité des parents, le cercle vicieux de la prise en charge des primes des enseignants, le nombre toujours croissant de la population scolaire face à la faible capacité d’accueil des écoles publiques, le délabrement avancé de la plupart des bâtiments scolaires de l’Etat et leur sous-équipement, les salaires modiques du personnel enseignant et administratif, etc.
On rappelle que les salaires des enseignants de l’EPSP ont été partiellement pris en charge par la BAD (Banque Africaine de Développement) durant l’année scolaire 2009-2010, pour un montant de 48 millions de dollars.
Mais, une fois l’année scolaire clôturée, on a remarqué un retard dans le paiement des enseignants. A ce jour, les formateurs de la jeunesse n’ont pas encore touché leurs salaires du mois d’août.
Budget 2011 : nécessité d’un correctif
On se souvient que dans son face-à-face avec la presse il y a peu à l’Hôtel Venus, le ministre du Budget avait indiqué que l’avant-projet du Budget 2011 allait être prêt dans une semaine. D’où, il est supposé être déjà bouclé vu le temps qui s’est écoulé.
Avec la nouvelle donne qu’impose la décision présidentielle, il est à espérer que les experts du Budget vont penser à y intégrer la nouvelle charge financière que vient de s’imposer le gouvernement avant que le projet soit déposé au Parlement.
Gratuité : quel contenu réel?
En outre, nombreux sont ceux parmi les parents qui cherchent à être fixés sur le contenu réel de la notion de gratuité de l’enseignement élémentaire. Partant du coût d’un enfant à scolariser, ils veulent savoir si l’Etat va supporter uniquement le minerval, et leur laisser la charge des frais connexes (fonctionnement, motivation des enseignants, frais d’inscription et de confirmation) ou porter la charge de tous les frais liés au volet minerval.
La question a toute sa pertinence afin de permettre à chaque partenaire éducatif de prendre ses dispositions. D’aucuns craignent que l’Etat se contente du minimum pour abandonner aux parents la grosse partie de la charge de l’instruction. Si les parents et les élèves restent avec le sentiment que la gratuité les maintiennent dans le statu quo ante, ils seraient tentés de croire à une mesure contraire à l’esprit et à la lettre du Constituant.
Par ailleurs, une paralysie totale ou partielle du système éducatif à la base est à redouter, surtout dans les villages, dès lors que certains parents seraient convaincus de n’avoir plus rien à dépenser pour la formation de leurs enfants.
En outre, on veut savoir si l’intervention de l’Etat dans les écoles publiques sera uniforme ? Car, bien qu’appartenant au même employeur, elles ne répondent pas toutes au même standing en termes de qualité de l’enseignement et des infrastructures.